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dignitaires et les hommes entourés de l’estime générale, les patriotes ait pu se consoler de cet échec, et sans doute ils chercheront à le réparer..

Le roi de Grèce ne peut dissoudre les chambres qu’à la condition de convoquer, au bout de quarante jours, les collèges électoraux, et au bout de deux mois les chambres nouvelles. Les proportions de la représentation nationale sont, en Grèce, d’un député sur dix mille citoyens. Les provinces peuplées de vingt mille habitans ont ainsi droit à deux représentans. En outre, un décret exceptionnel du congrès assure deux députés aux Psariotes demeurant en Grèce, autant aux Spezziotes, et trois aux réfugiés d’Hydra. Les réélections n’ont lieu que tous les trois ans ; mais chaque province a le droit de révoquer un député dont elle serait mécontente, et d’en envoyer un autre à sa place. La responsabilité, qui n’est point chez ces peuples une chimère comme chez nous, pèse sur tous les employés, et pour qu’elle atteigne d’une manière effective les ministres eux-mêmes, un article de la charte a stipulé que le roi, investi, pour tous les autres cas, du droit de grace, ne pourrait ni commuer ni diminuer les peines légales prononcées par le congrès contre un ministre coupable. Cependant aucun ordre du roi n’est obligatoire sans la signature d’un ministre. En devenant ainsi réelle et en s’étendant à toute chose, la responsabilité établit nécessairement, sauf le cas de violence étrangère, l’unité la plus intime entre l’état et le pays, les gouvernés et les gouvernans.

Les Gréco-Slaves s’écartent encore des idées de l’Occident en ce qui touche les questions de finances, l’impôt, sa quotité et son mode de perception. La fiscalité, dont on abuse si indignement en Europe, est à peine au berceau chez ces peuples. Ils ne grèvent pas comme nous l’industrie par d’innombrables patentes. Le principal revenu du gouvernement,est l’impôt en nature ou les dîmes, d’où il suit que les états gréco-slaves, nécessairement restreints à un budget peu considérable, sont forcés de laisser entre les mains du peuple presque toutes les branches de l’administration locale. Ils ont pour maxime que leur dépense doit être calculée d’après leurs revenus, et n’en sont pas encore arrivés à reconnaître qu’un état a d’autant plus de garanties de prospérité qu’il a plus de dettes, plus de créanciers intéressés à le soutenir. Ces maximes occidentales n’ont pu jusqu’ici trouver d’écho chez les Gréco-Slaves.

Beaucoup de journaux ont cru voir dans la nouvelle charte hellénique un calque des chartes de France et de Belgique ; il n’en est rien. La charte née du 3 septembre est, dans ses élémens constitutifs, aussi