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du feu n’ont pas toutes été reconstruites, et n’ont exigé que des travaux de réparation, d’où il suit que ce n’est ni au XIVe siècle ni à la fin du XIIIe qu’il faut attribuer ce qui subsiste encore aujourd’hui de l’ancienne cathédrale de Noyon.

Serait-ce au XIIIe siècle lui-même ? et, par exemple, peut-on supposer qu’après l’incendie de 1238 des travaux de reconstruction générale auraient été entrepris ? Nous parlons de reconstruction générale, parce que, comme nous l’avons déjà fait observer, l’édifice entier étant homogène et appartenant à un même style, il ne peut être question de reconstructions partielles et successives, mais seulement d’une réédification complète, faite en un seul coup, et achevée tout au plus en un demi-siècle. Or il serait extraordinaire que ce fût l’incendie de 1238 qui eût été l’occasion de cette réédification. Rien ne prouve, comme nous l’avons dit, qu’il ait causé de grands ravages : le petit nombre d’auteurs qui en font mention ne le cite qu’en passant et sans lui attribuer la moindre gravité. On peut donc supposer que la solidité de l’édifice n’en fut pas compromise. Mais, indépendamment de cette présomption, d’autres raisons plus fortes nous donnent l’assurance que la reconstruction de la cathédrale ne date pas de cette époque. D’abord il eût été sans exemple, en 1238 et surtout dans cette partie de la France, d’admettre, même par fantaisie et comme exception, l’emploi de l’arc à plein cintre ; à plus forte raison n’aurait-on pas construit, d’après ce type abandonné, la presque totalité des ouvertures à l’extérieur de l’église et au dedans toutes celles des étages supérieurs. Les transsepts arrondis, tradition du style à plein cintre, qu’on retrouve si rarement, même à l’époque de transition, n’auraient jamais été tolérés après 1238, pas plus que les colonnes annelées, telles que celles qui s’élèvent dans le chœur et à l’entrée de la nef de Noyon, pas plus que l’alternance d’un support cylindrique et d’un pilier multiple, ancienne combinaison qui avait disparu sans retour dès la fin du XIIe siècle.

Ces raisons, ou plutôt ces faits, sont, selon nous, sans réplique. Ainsi la cathédrale de Noyon n’a pas plus été construite au milieu du XIIIe siècle qu’au XIVe, nous pouvons l’affirmer avec une égale certitude.

Nous n’avons donc plus de choix : il ne reste que les incendies de 1131 et de 1152 qui puissent avoir rendu nécessaire la reconstruction de la cathédrale.

Mais ne va-t-on pas nous demander pourquoi nous supposons que ces deux incendies, et plus particulièrement le premier, ont détruit l’édifice de fond en comble ? La seule raison que nous en ayons donnée