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LA


JEUNESSE DE FLECHIER.




« L’éloquence continue ennuie. » - C’est une phrase piquante de Pascal qui se trouve être à elle seule toute la rhétorique de ceux qui font profession de n’en pas avoir. Je m’imagine que l’auteur des Pensées aura jeté un jour ce mot entre ses notes, au sortir de quelque lecture de Balzac. Pénétré de Montaigne, admirateur de la langue des Essais, si pleine de saveurs exquises, et qu’il venait, avec sa propre et incomparable plume, de porter à la perfection, Pascal devait tenir peu de compte de tous ces beaux arrangeurs de mots, de ces artisans harmonieux de la période qui, en disciplinant la langue, lui avaient cependant préparé les voies. Le Fléchier que nous connaissons tous, le faiseur de pièces d’éloquence officiellement admirées, ce Fléchier-là, quoique plus aimable dans sa diction fleurie que le rhétoricien Balzac, eût bien pu inspirer aussi le trait malin de Pascal. Malheureusement, il y avait dix ans que le sublime janséniste n’était plus quand le futur évêque de Nîmes prononça sa première oraison funèbre. Mais qu’importe la chronologie ? pour être anticipée, l’épigramme n’en a pas moins sa juste application.

Ce n’est pas que je veuille le moins du monde me faire le détracteur de cette belle ordonnance, de cette noblesse lumineuse, de cette élégante symétrie de langage qu’on rencontre dans les écrits de Fléchier.