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me faire louer tout et tout le monde. Quant aux hommes politiques qui s’irritent et s’emportent dès qu’on touche à leur passé ou à leur parti, ils ont mieux à faire que de nier, en injuriant leurs adversaires, des faits connus de tout le monde : c’est de prouver par leurs actes comme par leur langage que s’ils ont eu jadis de fâcheuses tendance, ces tendances n’existent plus, et qu’ils sont sincèrement rentrés dans le sein du parti national. Ils y ont d’autant plus d’intérêt que le reproche dont ils sont l’objet est plus grave. Il est permis de se tromper dans ses opinions politiques, et d’incliner trop ou mal à propos vers un des grands principes qui se partagent le monde. Il est permis d’être même avec excès conservateur ou novateur, pacifique ou guerrier. Il n’est pas permis de travailler contre l’indépendance de son pays et pour la domination étrangère.

Recevez, monsieur, etc.,

P. DUVERGIER DE HAURANNE.


P. S. 29 décembre.

Le paquebot d’Orient, qui était en retard, apporte des nouvelles d’Athènes jusqu’au 10 décembre. À cette époque, quelques élections restaient encore à vérifier. Après un débat très vif, M. Rhigas-Palamides et ses amis avaient été définitivement admis comme députés de Tripolitza. Les élections de Thèbes et de Salone venaient, au contraire, d’être confirmées, malgré les napistes qui voulaient faire entrer à la chambre M. Spiro-Milios et un autre de leurs amis. Ce dernier vote est d’autant plus remarquable qu’une coalition entre les maurocordatistes et les papistes avait fait craindre un moment que la majorité ne se déplaçât.

Toutes les correspondances, tous les journaux s’accordent au reste à reconnaître que la situation du président du conseil est plus forte qu’elle ne l’a jamais été. Le parti autochtone coupé en deux et désorganisé, le parti napiste affaibli et démembré, le parti maurocordatiste annulé, le parti national enfin héritant de tout ce que les autres ont perdu, voilà d’importans résultats, des résultats qui, s’ils ne justifient pas les actes des trois derniers mois, peuvent du moins faire espérer que ces actes ne se renouvelleront plus. Toutes les batteries des oppositions diverses tirent d’ailleurs aujourd’hui sur M. Coletti, comme au début elles tiraient sur M. Metaxas. On disait alors à M. Coletti qu’il n’était premier ministre que de nom, et que tout le pouvoir appartenait