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avaient remplacés les Mexicains. Les cinq autres signes mongols[1] n’ayant ni semblables ni analogues au Mexique, on y avait substitué des animaux tout différens. Et il ne faut pas perdre de vue que si les signes mongols servaient de préférence à indiquer les années successives des séries composant leurs cycles, on les faisait servir aussi à représenter et les mois et les jours et même les heures. Enfin, les signes du calendrier aztèque, de même que ceux des Mongols, avaient un usage astrologique, et c’est peut-être par là que la communauté était venue.

Le calendrier lunaire des Indous, formé de signes plus arbitraires encore, offre une correspondance curieuse avec le calendrier des Aztèques. Pour se refuser à accueillir ces preuves d’une communication d’un continent à l’autre, il faudrait nourrir un respect bien profond pour sa majesté le hasard, ainsi que disait un monarque philosophe.

Le Nouveau-Monde n’était donc pas sans avoir eu quelques rapports avec les hommes civilisés de l’Asie, et quelques-uns des élémens de la civilisation mexicaine en conservaient la trace manifeste ; mais il serait plus que téméraire de considérer la civilisation mexicaine comme une branche sortie du tronc asiatique. En Europe, nous portons sur nos institutions et nos personnes la preuve d’une filiation grecque et romaine. A défaut de la philologie, de la technologie, et de l’étude des religions et des mœurs, l’histoire seule nous interdirait le doute sur ce point. Nous dérivons des Romains et des Grecs par voie de colonisation ou de conquête, et avec un peu d’effort on trouve directement chez nous, abstraction faite des monumens de l’histoire, les signes certains d’une origine plus ancienne encore. Entre l’Asie et le Mexique point de liens semblables. Dans la civilisation, la descendance se reconnaît à de frappantes similitudes dans la vie usuelle, et les Mexicains n’avaient de l’Asie ni ses animaux utiles, le cheval, le bœuf, le mouton, le chameau, ni ses grains alimentaires. L’Asie vit de riz ; ils se nourrissaient de maïs. Les Mexicains ignoraient le fer, qui était connu en Asie quinze siècles avant l’ère chrétienne. Leur écriture et leur numération ne ressemblaient point à celles des Asiatiques ; on n’a découvert rien de commun entre leur langue et celles de l’Asie. Or, si le Mexique avait été colonisé par des Asiatiques, par tous ces côtés il en eût gardé la marque. Les Chinois et les Japonais ont des

  1. La souris, le bœuf, le cheval, le mouton, le porc.