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des filles était de tresser de leurs mains des ornemens pour les autels et les sanctuaires ; les garçons entretenaient les feux sacrés, chantaient aux cérémonies comme nos enfans de chœur, avaient soin des fleurs qui ornaient les temples et des guirlandes dont étaient entourées les statues des dieux. On les initiait aux secrets de la science ; on leur apprenait l’écriture et la lecture des hiéroglyphes. Dans des écoles supérieures, on leur faisait pratiquer l’astronomie et l’astrologie, et on les familiarisait avec les principes du gouvernement. La tenue des écoles était extrêmement sévère : le mensonge en était proscrit avec une rigueur particulière, et si un enfant persistait à s’y adonner, pour qu’il servît d’exemple, on lui fendait légèrement la lèvre. Dans tout ce qui touchait aux mœurs, on y déployait une grande austérité.

Après avoir pétri à leur gré l’esprit et le cœur des jeunes gens, les prêtres mexicains les plaçaient et les poussaient dans la société. C’était une garantie de plus pour leur influence dominatrice.

L’ordre sacerdotal était gouverné par deux grands-prêtres, qui étaient élus, dans le sein même du clergé, par le prince assisté des principaux chefs. Cette dignité se conférait à la capacité, quelle que fût la naissance. Après le souverain, les deux grands-prêtres avaient le pas sur tout le monde dans l’état, et rien à peu près d’important ne se faisait sans qu’ils fussent consultés.


X – DE L'ORIGINE DE LA CIVILISATION MEXICAINE

Nous pouvons maintenant nous poser une question :

D’où dérivait la civilisation de ces peuples ? On ne peut le dire avec quelque certitude. A la fin du XIIe siècle, plusieurs peuplades de la même famille étaient venues du nord se fixer dans la belle vallée de Mexico, désignée aujourd’hui encore, par son nom antique d’Anahuac : c’étaient les Chichimèques, race barbare, et ensuite les Nahucetlaques en sept tribus distinctes, parmi lesquelles on distinguait les Acolhues ou gens de Tezcuco, les Mexicains proprement dits ou Aztèques, les gens de Tlascala, ceux de Chalco, de Xochiacilco et les Tepanèques. La mystérieuse région qui leur avait servi de point de départ était indiquée chez les Aztèques par le nom d’Aztlan. Ce devait être bien loin au nord-ouest de Mexico. Le pèlerinage avait été long et périlleux, signalé par beaucoup de vicissitudes. Il avait été interrompu par plusieurs stations, l’une desquelles est probablement indiquée par les ruines nommées Casas Grandes, éparses sur les bords du Rio-Gila. Mais ils ne s’arrêtèrent définitivement que lorsqu’