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très mal, et c’est ainsi que l’on se perd, que l’on se ruine et que l’on devient vicieuse, car on y nourrit de mauvaises pensées.

« Lorsqu’un homme cherche à t’adresser la parole, ne l’écoute pas, ne le regarde pas, garde le silence, et ne fais pas attention à lui ; s’il te suit, ne lui réponds pas, dans la crainte que tes paroles n’excitent sa passion. Si tu ne fais pas attention à lui, il cessera de te suivre.

« N’entre pas chez les autres sans besoin, pour éviter que l’on ne jase sur ton compte.

« Si tu vas voir tes parens, témoigne-leur tes respects ; ne sois pas paresseuse, prends part au travail qui est en train si tu le peux, et ne reste pas à regarder celles qui travaillent.

« Si tes parens te choisissent un époux, tu dois l’aimer, l’écouter, lui obéir, faire avec plaisir ce qu’il te dit, ne pas détourner la tête lorsqu’il te parle ; et s’il te disait quelque chose de désobligeant, cherche à surmonter ton chagrin. S’il vit de ton bien, ne le méprise pas pour cela. Ne sois ni bourrue, ni incivile, car tu offenserais Dieu, et ton mari s’irriterait contre toi ; dis-lui avec douceur ce que tu crois convenable. Ne lui tiens pas de discours offensans devant les autres et même étant seule, car c’est toi qui en porterais la honte et le mépris.

« Si quelqu’un vient rendre visite à ton mari, reçois-le bien et fais-lui quelque amitié.

« Si ton mari ne se conduit pas convenablement, donne-lui des avis sur la manière de se conduire, et dis-lui d’avoir soin de sa maison.

« Sois attentive à ce que l’on travaille à tes terres, aie soin des récoltes et ne néglige rien.

« Ne prodigue pas ton bien, aide ton mari dans ses travaux ; de cette façon, tu ne manqueras pas du nécessaire et tu pourvoiras à l’éducation de tes enfans.

« Ma fille, si tu suis mes avis, tu seras aimée et estimée de tous. En te les donnant, je remplis mon devoir de mère ; en les suivant, tu vivras heureuse. S’il en est autrement, ce sera de ta faute ; tu verras plus tard ce qui t’arrivera de ne m’avoir pas écoutée, et l’on ne pourra pas dire que j’ai négligé de te donner les conseils que je te devais comme mère. »

Dans le discours d’un père à son fils, et plus encore dans celui d’une mère à sa fille, il n’est pas un mot que, dans notre civilisation du XIXe siècle, des parens ne crussent à propos de dire à leurs enfans, et, circonstance plus remarquable encore, ce qu’il y aurait à y ajouter se réduirait à peu de chose.


VIII – SACRIFICES HUMAINS

A en juger par les sentimens que propageait la religion des Aztèques, par les pratiques qu’elle recommandait aux hommes dans