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LE COMTE


DE CHESTERFIELD;




Correspondance nouvelle de Ph. Dormer Stanhope[1]




Le château de Bretby, dans le Derbyshire, renfermait, en octobre 1725, deux personnages fort dissemblables : un vieillard austère et morose étendu sur son lit de mort, et un jeune courtisan, son fils, qui venait recevoir les derniers soupirs paternels. Ils s’étaient toujours mutuellement détestés, et l’on ne peut guère imaginer de caractères moins sympathiques. Le vieux comte (earl), défiant et ombrageux, ne voulant jouer aucun rôle à la cour ou dans le monde, avait réfugié sa sauvage humeur dans ce domaine antique où « l’orfraie, le hibou et le corbeau tenaient depuis long-temps leurs assises[2], » et que le fils dépeint de couleurs si lugubres, tout en racontant gaiement l’agonie paternelle. « Vous ne pouvez, écrit-il à la belle mistriss Howard, la

  1. The Letters of Philip Dormer Stanhope Earl of Chesterfeld, including numerous letters first published… etc. ; edited by lord Mahon (London, 4 vol. 1845). — Sufolk Papers (1820, 2 vol.). — Lettres de lord Chesterfield à son fils Philippe Stanhope, précédées d’une notice par M. Amédée Renée (2 vol. in-12, 1842) ; Paris, Jules Labitte.
  2. « Ravens, screech-owls, and birds of ill-omen,… etc. » - T. III, p. 21-22.