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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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30 novembre 1845.


Quand nous nous sommes étonnés de la solution singulière qu’avait reçue la question de la présidence du conseil, nous n’avons fait que traduire et prévoir les impressions des hommes sérieux de toutes les opinions. Plus la session approche, plus les réflexions provoquées par les derniers arrangemens ministériels prennent de gravité. Le cabinet était fier de pouvoir montrer à la tête du département de la guerre M. le maréchal Soult, pour lequel, de l’aveu général, la présidence du conseil n’était qu’un accessoire honorifique. Or aujourd’hui M. le duc de Dalmatie a renoncé au principal et a gardé l’accessoire. On ne peut s’expliquer une présidence du conseil sans portefeuille que lorsqu’elle est décernée à des hommes dont la supériorité politique ne saurait être contestée. Dans ce cas, on comprend que pour ces hommes une pareille situation est une facilité de plus pour mieux embrasser et conduire l’ensemble des affaires ; mais, quand M. le duc de Dalmatie n’est plus ministre de la guerre, que peut-il diriger ? On s’accoutume si peu à l’idée que M. le maréchal Soult puisse siéger dans un cabinet à un autre titre que celui de chef de l’armée, qu’on se le représente toujours donnant des ordres à M. Moline de Saint-Yon ou à M. Martineau-Deschesnez. On proteste, il est vrai, au nom du cabinet, que ces messieurs ne vont plus travailler avec M. le maréchal depuis que ce dernier a quitté l’hôtel de la rue Saint-Dominique. Quoi qu’il en soit, que le cabinet ait aujourd’hui deux ou trois ministres de la guerre au lieu d’un, il ne manque pas moins d’un président.