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dôme trachytique qui s’élève du milieu d’un attroupement de cimes basaltiques, et dont le sommet domine toute la Bohême. A l’autre extrémité, celle qui pointe vers nous, se trouve la montagne du Kammerbühl, montagne bien humble à la vérité, car on la nommerait plus volontiers monticule que colline, mais que relève pourtant l’éclat incontestable de son origine, suffisamment attestée par une belle cascade de lave par-dessus des monceaux de scories. C’est le seul volcan proprement dit qu’il y ait en Bohême. Malgré sa petitesse, il est hors de doute qu’il n’est pas venu au monde sans faire un certain tapage dans les entrailles de la terre ; or, c’est précisément à son pied que jaillissent les sources de Francesbad, et cette coïncidence, d’accord avec tant d’autres faits du même genre, marque assez qu’il faut hardiment lui attribuer tout l’honneur d’avoir ouvert avec l’intérieur du globe les communications bienfaisantes dont les malades jouissent aujourd’hui dans ces lieux.

Du reste, ce n’est point un privilège particulier au Kammerbühl que d’avoir déterminé sur son passage quelques-unes de ces fissures profondes par lesquelles les eaux pluviales descendent dans le sein de la terre pour en revenir toutes chargées de propriétés nouvelles. La chaîne entière du Mittelgebirge produit en masse le même effet, et l’on pourrait presque dire dans la même proportion. On compte qu’il s’échappe de ses flancs, principalement du côté de l’Erzgebirge, où il y a probablement eu plus de froissement, près de deux cents sources médicinales ; et je crois pouvoir garantir qu’il y en a beaucoup qui ne doivent pas être couchées fort exactement sur la liste, car il m’est arrivé d’en rencontrer par hasard auxquelles les paysans même ne faisaient pas grande attention. Il est vrai que toutes ne présentent pas la même richesse chimique, ni par conséquent les mêmes vertus, encore qu’en ces matières il ne soit guère permis de rien prononcer avant l’expérience par les malades, genre d’analyse qui ne s’improvise ni ne se commande. Quoi qu’il en soit, il n’existe jusqu’à présent sur toute cette ligne que quatre établissemens thermaux dignes de ce nom : au plus près de la frontière de Bavière, Francesbad ; à huit lieues de Francesbad, au sud-est, Marienbad ; à douze, à l’est, Carlsbad ; au pied du Milleschauer, Teplitz. A peu de distance de cette dernière ville se trouvent les eaux de Seidschütz et de Pulna, qui, pour avoir porté également leur nom en Europe, n’en doivent pas moins être laissées ici de côté, attendu que, nonobstant leur excellence, on en fait peu usage sur les lieux : ne s’employant guère qu’à l’intérieur, et, grace à leur constitution purement saline, jouissant de la propriété de ne pas s’altérer sensiblement par le transport, on les consomme à distance. D’ailleurs, elles ne proviennent point de sources minérales proprement dites, mais de puits creusés à une faible profondeur et dans lesquels viennent suinter les eaux superficielles, après s’être saturées, en le traversant, des sels qui imprègnent le sol.

De ces quatre établissemens fondamentaux, deux seulement, Teplitz et Carlsbad, ont des eaux chaudes : dans le premier, la température de la source principale est de 48 degrés, dans le second de 72. Dans les deux autres, les