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les écrits de M. Bülow-Cummerow, à ce qu’on m’assure, font autorité désormais. Je regrette seulement, dans les matières politiques, l’indécision de sa pensée.

Malgré cette indécision, bien excusable sans doute chez des publicistes qui viennent de naître à la vie politique, malgré ces hésitations très naturelles, M. Bülow-Cummerow est digne de représenter le centre droit au milieu des partis récemment formés à Berlin. Or, il devait rencontrer des adversaires, qui, en effet, ne lui ont pas manqué. Voici d’abord M. Steinacker. M. Steinacker n’est pas sujet de la Prusse, il est le chef de l’opposition libérale à la chambre des députés du duché de Brunswick ; mais la part qu’il a prise à ces débats, l’influence sérieuse qu’il a exercée, m’autorisent à citer son nom dans ce tableau politique de la société prussienne. D’ailleurs, cette sollicitude d’un étranger pour les questions qui s’agitent à Berlin est un indice expressif de la situation des choses. Ce ne sont pas seulement les destinées particulières de la Prusse qui sont en cause dans ces discussions, ce sont les destinées de toute l’Allemagne. Une constitution peut être octroyée, puis retirée à Brunswick, à Hanovre, à Munich, à Cassel, sans que l’évènement ait de grandes conséquences ; à Berlin, la question est plus sérieuse. Berlin est la vraie capitale des états germaniques, et ce qu’on y décidera sera décidé tôt ou tard pour le pays tout entier. Voilà pourquoi on ne s’étonne pas, au-delà du Rhin, que le pays le plus intelligent et le plus libéral de la confédération n’ait pas reçu encore, comme la Bavière et le Hanovre, des institutions représentatives ; encore une fois, ce sera là un évènement décisif, et, pourvu qu’il ne tarde pas trop, cette lenteur circonspecte convient à la gravité de la situation. Ne nous étonnons pas non plus que M. Steinacker se mêle à la polémique engagée entre les publicistes de Berlin, et qu’il combatte avec talent les vues de M. Bülow-Cummerow. Il représente à ce congrès les désirs de l’Allemagne elle-même.

Si M. Bülow-Cummerow est le chef du centre droit, les écrits de M. Steinacker sont cités comme l’expression du centre gauche. A côté de ces écrits, il faudrait surtout signaler les adresses des états provinciaux, les réclamations, les remontrances des magistrats de Berlin, de Kœnigsberg, de Coblentz ; de Breslau, de Düsseldorf. Un recueil qui contiendrait tous ces précieux documens formerait un excellent manuel bien propre à entretenir dans l’esprit public des traditions fécondes. On a publié récemment un petit livre, fort curieux aussi, où se trouvent réunies, selon l’ordre des dates, les lois et les