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de privilège qui surgirent tout à coup dans les deux chambres. On se souvient qu’en 1840 une contestation fort sérieuse s’était élevée entre la chambre des communes et la cour du banc du roi au sujet l’une action en diffamation dirigée par M. Stockdale contre l’imprimeur de la chambre. Après une lutte prolongée et divers incidens curieux, l’affaire avait fini par un but qui désormais mettait les papiers imprimés par ordre de la chambre à l’abri de toute attaque ; il restait cependant à vider une action intentée par l’avoué de M. Stockdale, le nommé Howard, contre le sergent d’armes qui, toujours par ordre de la chambre, l’avait ris en prison, et cette question, la cour du banc du roi venait de la décider en faveur de Howard. Or, en 1845 comme en 1840, trois opinions étaient en présence celle de M. Wylde, de M. Roebuck, de M. Hume, qui voulaient que la chambre entrât immédiatement en lutte avec la cour du banc du roi, et se fît, par la force s’il le fallait, justice à elle-même ; celle de sir Robert Inglis, deM. d’Israëli, de lord Mahon, de M. Kelly, qui demandaient que la chambre se soumît, sauf à mieux établir ses droits par un bill ultérieur ; celle de sir Robert Peel, de lord John Russell, de M. Wynn, de M. Thesiger, qui pensaient que la chambre ne pouvait céder, mais qu’elle devait, avant d’engager le combat épuiser tous les moyens légaux et réguliers : ils proposaient donc que la chambre des communes se pourvût provisoirement devant la chambre des lords contre l’arrêt du banc du roi. Cet avis prévalut à 82 voix contre 48.

Quelques jours après, un M. Parret, qui avait comparu comme témoin dans une enquête parlementaire, se plaignit qu’une action eût été dirigée contre lui au sujet de sa déposition par un nommé Philipps. C’était le commencement d’une affaire analogue à celle de Stockdale. Cependant M. Philipps, appelé à la barre, s’excusa sur son ignorance, renonça à son action, et fut en conséquence renvoyé. A la chambre des lords, le même cas se présenta presque aussitôt ; et, comme M. Philipps, M. John Harlow fut appelé à la barre pour rendre compte d’une action intentée par lui contre Thomas Baker, au sujet le sa déposition devant un comité. M. Harlow ayant maintenu son action, il s’ensuivit un débat curieux, dans lequel lord Brougham prit parti contre les privilèges parlementaires. Il ne nia pas que les témoins ne dussent être protégés ; mais il soutint que la chambre n’avait pas le droit d’entraver une action judiciaire, et qu’elle devait attendre que la question lui revînt par voie l’appel. Lord Campbell et lord Lyndhurst combattirent énergiquement cet avis. Les témoins étaient obligés de déposer devant le parlement ; le parlement devait, d’une manière