Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 12.djvu/411

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En présentant des mesures qui tendaient à mettre Maynooth sur un pied respectable, sir Robert Peel était donc autorisé a penser qu’il rencontre ait assez peu d’opposition. J’ai lieu de croire que telle était en effet sa conviction, et que peu de jours encore avant l’apparition du bill il ne prévoyait nullement l’orage qui allait fondre sur lui. C’est, comme de raison, la société fanatique d’Exeter-Hall qui, vers la fin de mars, donna le signal de l’agitation. Pendant quelques jours pourtant, tout se borna à de sourds murmures, et, quand sir Robert Inglis demanda d’un ton lugubre à sir Robert Peel s’il comptait proposer à la chambre une allocation permanente pour Maynooth, sir Robert Peel put répondre oui sans soulever de trop véhémentes colères. Néanmoins des pétitions commencèrent à circuler, et le jour où sir Robert Peel se leva pour expliquer son projet, on vit, à la grande joie de l’opposition, une foule de membres ministériels se précipiter dans le vestibule, et rentrer dans la chambre chargés de grosses liasses anti-ministérielles. Un peu inquiet de ce mouvement, sir Robert Peel, dans son exposé, s’efforça alors de désarmer, par un langage doux et conciliant, l’agitation naissante. Il représenta qu’aucune question de principe n’était engagée, puisqu’il s’agissait uniquement de substituer à une allocation insuffisante une allocation convenable. Il rappela aussi que l’état entretenait dans certaines prisons des chapelains catholiques, et qu’à Malte, à Maurice, ailleurs encore, il soutenait de ses deniers le clergé romain. Pour être conséquent, il fallait supprimer tout cela, ou bien ne pas disputer à Maynooth une allocation nécessaire. Il termina en expliquant que la mesure proposée avait pour but : 1° d’élever à 3,000 liv. sterl. par an la faculté de recevoir des dons et legs, faculté déjà accordée aux trustees de Maynooth jusqu’à concurrence de 1,000 liv. sterl. ; 2° d’allouer, à titre de dotation fixe, une somme suffisante pour que cinq cents jeunes gens, dont deux cent cinquante pensionnaires, pussent être élevés convenablement. Il estimait que, pour obtenir ce résultat, il convenait de voter 27,000 liv. sterl. par an, plus une somme une fois payée de 30,000 liv. sterl., afin de mettre les bâtimens en bon état. Il protestait d’ailleurs contre toute idée d’intervenir dans la doctrine et dans la discipline catholique, dont les évêques devaient rester les seuls gardiens.

A cet exposé, aussi modéré que décisif, l’opposition battit des mains, et les tories libéraux donnèrent une pleine approbation : mais le parti ultra-protestant se sentit frappé au cœur, et poussa un cri de douleur. Sir Robert Inglis, M. PIumptre, le colonel Sibthorp, M. Gregory,