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était obligatoire. » Cela dit, lord Brougham se moqua spirituellement de la querelle de la robe et du surplis, et tout fut fini. Un bill présenté par le lord-chancelier, et qui avait pour but de rendre les fonctions municipales accessibles aux juifs, aurait pu donner lieu à de plus vifs débats ; mais bien que ce bill, proposé par les whigs et combattu par M. Gladstone et M. Goulburn, eût échoué en 1841, il ne souleva, en 1845, aucune opposition. L’évêque de Londres lui-même ne le combattit pas, de sorte qu’aux communes tout l’effort de sir Robert Inglis et de M. Plumptre ne put réunir que 11 voix. Il semblait donc que pour cette session l’intolérance protestante fût impuissante, quand tout à coup elle prit, sur un autre terrain, une éclatante revanche, une revanche telle qu’on put croire un moment que les beaux jours de lord Gordon étaient revenus. Comme il s’agit ici à la fois des deux questions qui irritent le plus l’Angleterre, de la question religieuse et de la question irlandaise, il est bon d’entrer dans quelques détails.

Avant 1795, les jeunes Irlandais qui se destinaient au sacerdoce allaient faire leurs études théologiques dons des collèges du continent. L’illustre Burke. pensa avec raison que l’esprit national pouvait en souffrir, et, grace à ses efforts, le séminaire de Maynooth fut fondé, d’abord pour cinquante élèves seulement. Après l’union, ce séminaire fut maintenu, et continua, non sans contestation, à recevoir de l’état une subvention annuelle de 8,928 liv. sterl. Il subit d’ailleurs diverses modifications, et un collége laïque y fut ajouté en 1817. En dernier lieu, il comptait quatre cent cinquante élèves, dont deux cent cinquante non pensionnaires, choisis par les évêques, et qui, en payant une fois pour toutes 8 guinées d’entrée, recevaient l’instruction. Les deux cents autres élèves se composaient de pensionnaires à 21 guinées par an, et de demi-pensionnaires à 10 guinées et demie. C’est à l’aide de ces ressources, augmentées de la subvention de l’état et l’un revenu foncier de 2,000 liv. sterl. à peu près, que le séminaire de Maynooth devait faire face à toutes ses dépenses. Aussi depuis longtemps présentait-il un aspect déplorable, et donnait-il lieu, de la part du clergé catholique, aux réclamations les mieux fondées. En réponse à quelques membres irlandais qui, à la fin de la dernière session, se faisaient les organes de ces plaintes, sir Robert Peel avait déclaré qu’il prendrait en très sérieuse considération l’état de Maynooth, et qu’il s’efforcerait de remédier au mal qu’on signalait. Cette déclaration avait alors produit peu d’effet, et c’est à peine si, dans l’intervalle des sessions, le nom de Maynooth avait été prononcé.