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couronne 150,000 livres, les recettes diverses 250,000 livres : en tout, sans l’income-tax, 47,900,000 liv. sterl., et 48,500,000 livres en ajoutant 600,000 livres à payer par la Chine. Or, les dépenses ordinaires, d’après le budget précédent, s’élevaient pour le service de la dette publique à 30,850,000 liv. sterl., pour services divers à 17,700,000 livres, en tout, 48,550,000 livres. A la rigueur, on pouvait donc supprimer l’income-tax ; mais c’était se mettre à la merci de la plus légère crise au dedans, de la plus petite complication au dehors. Ne valait-il pas mieux, d’une part, ajouter à la force du pays, de l’autre continuer la grande épreuve de 1842 ? Sir Robert Peel fut de cet avis, et proposa : 1° de maintenir pour trois ans encore l’income-tax et d’élever par ce moyen le revenu présumé à 53,700,000 liv. sterl. ; 2° d’allouer au budget de la marine 6,936,000 livres, c’est-à-dire 1,000,000 liv. de plus que l’année précédente, au budget de la guerre 8,320,000 livres, et aux autres services 3,200,000 livres, ce qui fixait à 49,690,000 livres, dette publique comprise, le chiffre des dépenses ordinaires ; 3° de disposer des excédans, d’une part en supprimant tous les droits à l’exportation, y compris le droit sur la houille, et tous les droits sur les matières brutes nécessaires à l’industrie ; de l’autre, en abaissant considérablement une foule de droits à l’importation. D’après ce plan, quatre cent trente articles jusqu’alors imposés étaient affranchis de toute taxe, notamment la soie brute, le chanvre et le coton. Le droit sur les sucres était réduit de 10 sh. par quintal. De plus, deux taxes très pesantes pour le pauvre, les taxes sur les ventes publiques et sur le verre, étaient absolument supprimées. Sir Robert Peel calculait que le trésor devait perdre


Livres sterling
Sur le sucre 1,300,000
Sur la houille 118,000
Sur quatre cent trente articles divers 320,000
Sur le coton 680,000
Sur les ventes publiques 250,000
Sur le verre 640,000

en tout 3,308,000 liv. sterl., c’est-à-dire une somme à peu près égale au surplus présumé. Assurément la tentative était hardie, mais elle était grande, et tout annonçait qu’elle serait non moins salutaire, non moins féconde que celle de 1842. À cette époque comme aujourd’hui, on prétendait que les facultés contributives du pays, atteintes par l’income-tax, iraient sans cesse diminuant, et que le trésor perdrait d’un côté tout ce qu’il gagnerait de l’autre. Quelque spécieux que