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Pusey sortit de son silence et écrivit une longue lettre pour combattre les résolutions proposées. La dernière surtout lui paraissait « une atteinte grave à la tolérance qui, depuis Laud avait prévalu au sein de l’église anglicane. Si une résolution pareille venait à passer, et si les trente-neuf articles : devaient désormais être souscrits dans leur sens littéral, il ne lui restait plus, comme à ses amis, qu’à faire scission et à se retirer de l’église. » D’un autre côté, un des membres puritains du clergé anglican ayant offert sa démission à l’évêque de Norwich, parce qu’il ne pouvait en conscience accorder aux trente-neuf articles une adhésion pleine, entière et sans réserve, l’évêque de Norwich lui répondit que, « vu le nombre et la nature des propositions contenues dans les trente-neuf articles, dans les homélies et dans le livre de prières, il était impossible que ces propositions fussent comprises de même par tout le monde. — Il y a là, ajoutait l’évêque de Norwich, une latitude reconnue à plusieurs reprises par les plus hautes autorités de l’église, constamment pratiquée, et que revendiquent aujourd’hui des hommes (les anglo-catholiques) bien plus éloignés que vous du véritable esprit du protestantisme. » L’évêque de Norwich, chef de la gauche dans l’épiscopat anglican, comme l’évêque de Londres est chef de la droite, refusait en conséquence d’accepter la démission qui lui était offerte.

C’est donc une double opposition, une double résistance que rencontrait le projet des chefs de collége et des procureurs de l’université d’Oxford. S’ils y persistaient, et si l’église y adhérait, il y avait danger d’un double schisme, d’un côté, pour se rapprocher de l’église romaine, de l’autre, pour grossir l’ancienne scission wesléienne. En présence d’un tel danger, Oxford recula, et le test fut abandonné avant le jour de la convocation. Voici d’ailleurs ce qui advint des autres propositions. Le livre de M. Ward fut condamné par 777 voix contre 386. M. Ward lui-même fut privé de ses degrés par 569 voix contre 511. Quant à la condamnation du traité 90, les procureurs, selon leur droit, usèrent de leur veto, et mirent fin à toute procédure.

Ainsi le nouveau test était écarté. Le traité 90 restait impuni. M. Ward n’était dégradé qu’à la faible majorité de 569 contre 511. Son livre enfin, ce livre si hostile au protestantisme, si favorable au catholicisme, obtenait 386 voix sur 1,163. De plus, parmi ces voix, on remarquait celles de M. Gladstone, de M. Courtenay, de M. Wilberforce et de beaucoup d’autres personnages distingués. Assurément, c’est là, au sein de l’église anglicane, un grave symptôme et