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coup mieux à la santé fort chancelante de cette princesse. L’impératrice a écrit à l’empereur l’avis des médecins, et lui a demandé l’autorisation de changer le séjour de Palerme contre celui de Nice. On dit qu’il est regrettable, dans des intérêts d’humanité et de clémence, que l’impératrice ne soit plus auprès de l’empereur, et qu’une séparation, ordonnée par une aussi triste cause, mette un terme à la douce et salutaire influence qu’elle exerçait sur lui.

La grande émotion des actions du nord est un peu tombée. Ce qui ne se dissipe pas aussi facilement, ce sont les appréhensions malheureusement trop fondées qu’inspirent ces apparitions interminables de compagnies nouvelles, cette surexcitation fébrile imprimée à la spéculation ; on craint une crise pour le mois de décembre. Les compagnies sérieuses, les hommes vraiment honorables de la banque et de l’industrie, ont songé à se tourner vers le gouvernement pour savoir s’ils ne pourraient pas être protégés contre l’invasion de compagnies de mauvais aloi, de compagnies menteuses, sans véritable crédit et sans capitaux. On parle de mémoires qui, sur ces points importans, auraient été présentés à l’autorité compétente. Ce n’est pas tout ; un magistrat qui a dans ses attributions et ses devoirs d’observer tout ce qui peut intéresser la prospérité publique, M. le préfet de police, a adressé au ministère un rapport où la gravité du péril relativement à une crise serait mise dans toute son évidence. Ce ne sont pas seulement, en effet, les gros capitaux des spéculateurs et des fortunes opulentes qui sont engagés dans les chemins de fer, mais les capitaux du moyen et petit commerce. Il faudra bien retirer ces capitaux pour faire honneur aux échéances de la fin de l’année. Or, ce retrait, ce revirement de fonds, s’opéreront-ils assez rapidement pour que le commerce puisse remplir ses engagemens au moment voulu et d’une manière complète ? Certes, toutes ces considérations, toutes ces craintes sont dignes de la sollicitude du gouvernement. L’administration doit songer à la responsabilité qui pèserait sur elle, si, devant tous les abus qui lui sont dénoncés, elle restait indifférente et inactive. Elle ne saurait être trop exigeante et trop sévère dans les conditions qu’elle imposera aux spéculateurs pour arriver à établir une concurrence non pas illusoire, mais réelle. Il ne faut pas que la bonne et honorable industrie soit obligée de payer les roueries de la mauvaise.


ESSAI SUR LA RELIGION ET LA PHILOSOPHIE, par Émile Saisset[1] — Lorsqu’il y a trois ans la lutte s’engagea entre une portion du clergé et la philosophie, les hommes pratiques refusèrent d’abord de prendre cette querelle au sérieux. La suite a bien fait voir cependant qu’il ne suffit pas de traiter dédaigneusement les grandes questions, et qu’il y a toujours péril en la demeure quand les principes sont engagés. On aura beau soutenir que la

  1. 1 vol. in-18°. Chez Charpentier.