Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 12.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jour plus vives, plus impatientes. Quelque sujet que l’on traite à propos de l’Allemagne, droit, politique, religion, c’est toujours là qu’il faut arriver, c’est le terme nécessaire auquel tout nous conduit. Rien n’est plus manifeste, d’après le tableau que nous venons de tracer. Que ce soit du moins un avertissement sérieux pour la Prusse. Des libertés long-temps promises sont ajournées sans cesse ; or, l’esprit public ne s’endort pas comme on le voudrait ; il veille, il est inquiet, actif, inventif ; il attend les occasions favorables ; bien plus, il les provoque, il les fait naître. Aujourd’hui, un schisme se forme ; eh bien ! il encourage ce schisme, il en fait son profit, et voilà le parti constitutionnel devenu, jusqu’à nouvel ordre, une secte religieuse. Ne vaudrait-il pas mieux se décider enfin ? Ne vaudrait-il pas mieux creuser soi-même un lit à ce flot de l’opinion publique, à ce flot désormais irrésistible, et qui, toujours plus irrité, se cherchant une issue, va se jeter avec fureur, là où personne ne pouvait se défier de lui ? Cette constitution tant promise n’est-elle pas, en ce moment, plus nécessaire, plus inévitable que jamais ? N’est-elle pas le moyen le plus sûr et le plus urgent pour conjurer tant de périls ? Quand on étudie de près l’agitation religieuse dont nous venons de tracer l’histoire, c’est la conclusion à laquelle on est amené comme malgré soi, et nous souhaitons bien vivement ne pas nous tromper dans nos espérances.


SAINT-RENÉ TAILLANDIER.