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adressées à la France, à la corruption française, à l’athéisme parisien, à cette infame Babylone dont l’esprit empoisonne l’Europe ; tout cela à propos de Ronge et de Czerski. Demandez à M. Menzel ce qu’il pense des protestans et des catholiques, s’il appuie les luthériens ou les calvinistes, s’il tient pour la politique de Berlin ou pour la politique de Vienne : à toutes ces questions, M. Menzel n’a qu’une réponse, il est contre la France, censeo Carthaginem esse delendam. L’ironie irritée de Louis Boerne avait déjà fouetté ce maniaque ; au lieu de le guérir, on a aigri son mal ; raillé, renié dans son pays, abandonné de tous, laissons-le marmotter, pauvre fou, son éternelle injure.

Un écrivain anonyme qui signe un homme d’état a publié un travail étendu sous ce titre : Les nouveaux troubles de l’Église jugés au point de vue du Droit et de la Politique. L’auteur pourrait bien être un protestant, quoiqu’il se montre très opposé à la secte des dissidens catholiques et très favorable à la politique ultramontaine, à la conduite de Rome dans ses conflits avec la Prusse. Je le prendrais volontiers pour un piétiste très décidé, mais étranger, par sa qualité de laïque, aux rancunes qui sont si vives chez les ministres de sa communion. Il est frappé surtout du caractère irréligieux que présente la révolte des dissidens ; dans l’appui que les protestans leur accordent, il voit l’indifférence publique et la haine du christianisme. Les piétistes eux-mêmes ont appuyé M. Ronge ; mais lui, il n’est pas dupe, il dénonce la conspiration anti-chrétienne qui s’accroît et va envahir bientôt toute l’Allemagne. Aussi ses conclusions sont-elles bien simples : point de réforme ; si vous touchez à l’église évangélique, si vous déplacez une seule pierre, vous ouvrez une issue à cet esprit rusé qui vous assiège sous mille déguisemens. Ce livre est curieux ; l’auteur est seul de son avis contre l’Allemagne entière ; au moment où tous les partis n’ont qu’une voix pour réclamer cette révision des lois fondamentales de l’église protestante, l’homme d’état piétiste jette un cri d’épouvante et supplie le pouvoir de barricader les portes.

A côté de ce manifeste si résolu, en regard de cette dénonciation si nette, viennent se placer naturellement les écrits des radicaux. La jeune école hégélienne devait prendre part à ces débats et prêter son appui aux amis des lumières. Un des plus fougueux écrivains qui aient concouru à la rédaction des Annales de Halle, M. Charles Rauwerck, expose dans une série de brochures l’histoire de l’église romaine. Le sujet n’est pas neuf, et M. Rauwerck n’a rien fait pour se l’approprier : les réflexions qu’il imprime sont depuis long-