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causé une vive surprise. M. Lacave-Laplagne n’a pas pardonné aux receveurs-généraux, qui avaient promis une concurrence sérieuse pour le chemin de Lyon, la fusion à laquelle ils se sont prêtés. Le commerce de Rouen a écrit à M. Lacave-Laplagne pour le prier de révoquer la destitution du receveur-général de la Seine-Inférieure. M. Baudon accordait de grandes facilités au commerce, et il s’est vu forcé de les retirer : cela coïncide d’une manière fâcheuse avec les derniers jours de l’année. La crise financière touche presque à son terme. La fin de l’année, comme il arrive presque toujours à la Bourse, où tout s’escompte, a eu lieu le 30 novembre. Les catastrophes particulières qu’on a eu à déplorer étaient les suites des désastres du mois précédent. C’est le 20 qu’auront lieu les deux adjudications du chemin de Lyon et de l’embranchement de Creil à Saint-Quentin. Deux compagnies seulement sont en présence pour la ligne de Lyon : l’une, formée de l’élite des compagnies autrefois rivales, maintenant réunies, et ayant à sa tête un nom financier dont les grandes entreprises de chemins de fer semblent ne pouvoir plus se passer ; l’autre, composée d’élémens hétérogènes, dont les tribunaux ont déjà fait connaître les discordes, et qui semble trop faible pour soutenir les investigations sévères de la commission d’examen. On peut sans témérité regarder la question comme jugée, et l’adjudication comme certaine en faveur de la seule compagnie qui offre à l’état les garanties exigées. Pour l’embranchement de Saint-Quentin, il y a cinq compagnies en présence. La victoire sera vivement disputée : on sait que pour le chemin du Nord elle est une nécessité, et c’est une position qu’on exploite. Il est probable que la compagnie du chemin du Nord fera les plus grands efforts pour obtenir l’adjudication de l’embranchement de Saint-Quentin, si important pour elle.


La littérature politique vient de s’enrichir d’un livre éminent ; nous voulons parler des Études administratives[1] de M. Vivien, dont nos lecteurs connaissent l’ingénieuse et ferme sagacité. Sur le droit administratif, les traités, les compilations, ne manquent pas ; pour la science administrative, M. Vivien a l’honneur de frayer le premier la route. « La science administrative, comme le dit M. Vivien dans une excellente préface, interroge les phénomènes sociaux plus que les lois écrites ; elle est plus générale dans ses vues, plus libre dans ses décisions ; elle s’appuie sur toutes les autres sciences qui ont pour objet les destinées de l’homme ; elle demande à la philosophie ses principes, à la morale ses règles, à l’histoire ses origines, à l’économie politique la solution de ses plus grands problèmes, la théorie des impôts, la loi de la population, celle de la richesse, et toutes les conditions du progrès matériel. » Une science ainsi définie, ainsi constituée, devait avoir son représentant dans l’Académie des sciences morales et politiques ; c’est ce qu’a

  1. Un vol. in-8, chez Guillaumin.