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conseil ; il jugeait toutes les questions relatives à la police, à la comptabilité, à l’administration générale des facultés, des lycées, des collèges ; il jugeait les plaintes des supérieurs et les réclamations des inférieurs ; il décidait quels ouvrages pouvaient être mis entre les mains des élèves ; il jugeait enfin les affaires contentieuses et relatives à l’administration générale des académies et des écoles. On voit que ce conseil était comme une sorte de conseil d’état attaché au département de l’instruction publique. Pour compléter la similitude, il y avait, au sein du conseil de l’université, un service ordinaire et un service extraordinaire. En effet, des trente membres qui composaient le conseil, dix étaient conseillers à vie et prenaient le titre de conseillers titulaires ; c’était la partie permanente de l’institution. Vingt autres étaient choisis parmi les inspecteurs, les doyens, les professeurs de faculté, et tous les ans le grand-maître en dressait la liste ; c’était la partie mobile du conseil. Pour le travail, le conseil se partageait en sections dont chacune examinait les affaires qui lui étaient renvoyées par le grand-maître, et en faisait le rapport à l’assemblée générale.

La restauration ouvrit un autre état de choses : elle eût désiré détruire l’université ; mais, en dépit de sa malveillance, elle fut obligée de la respecter, sinon dans son ensemble, du moins dans ses parties fondamentales. Les collèges, les facultés, les académies, subsistèrent, mais le grand-maître et le conseil de l’université, ces grandes créations du décret du 17 mars 1808, disparurent. Leurs pouvoirs furent délégués à une commission qui, en 1820, fut autorisée à prendre le nom de conseil royal de l’instruction publique. Deux ans après, la charge de grand-maître fut rétablie, et, plus tard encore, le grand-maître prit le titre de ministre de l’instruction publique. Toutefois presque tous les pouvoirs administratifs restèrent entre les mains du conseil royal, et c’est pour obvier à cet inconvénient que M. de Vatimesnil, par une ordonnance du 26 mars 1829, établit qu’une partie des délibérations du conseil, celles qui touchent à l’administration, devaient être approuvées par le ministre responsable. Telle est la situation dans laquelle la révolution de 1830 trouva l’université. Depuis quinze ans, le conseil royal et le grand-maître se partagent l’administration universitaire, et il est vrai que la plus grande part est restée aux mains du conseil royal. Depuis quinze ans, les représentans les plus éminens de la science contemporaine ont brillé tour à tour tant dans le conseil qu’au ministère de l’instruction publique. Successivement, MM. Guizot, Villemain et Cousin ont été grands-maîtres ; ces deux derniers ont aussi administré l’université comme conseillers, et ils ont eu pour collègues des hommes d’une incontestable notabilité dans les sciences comme dans les lettres.

Que conclure de tout cela, sinon que l’université relève de deux traditions, la tradition impériale et la tradition des trente dernières années qui se sont écoulées depuis 1815 ? Or, il arrive que le ministre entre les mains duquel se trouve aujourd’hui, pour la seconde fois depuis 1830, le portefeuille de l’instruction publique, a toujours été exclusivement préoccupé des avantages