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Le même esprit a dirigé l’Académie dans la publication des comptes rendus de ses séances. Deux recueils imprimés à ses frais existaient depuis très long-temps. L’un était exclusivement réservé aux académiciens mêmes, l’autre recevait les mémoires présentés par tout savant français ou étranger, et qui, par leur importance, étaient jugés dignes de cette distinction. De plus, les secrétaires perpétuels faisaient avec plus ou moins de régularité le résumé des principales communications adressées à l’Académie dans le courant de chaque année. Ces moyens de publicité, jadis bien suffisans, devenaient trop restreints, trop lents surtout à une époque où le progrès et l’échange des idées ont pris une activité inconnue à nos pères. L’Académie le sentit, et, en 1839, elle remplaça le résumé annuel par un journal hebdomadaire renfermant des extraits étendus de tous les mémoires lus ou présentés à chaque séance. Le recueil de ces comptes-rendus forme tous les six mois un énorme volume que son prix met à la portée des plus humbles fortunes. Par cette mesure, le monde savant tout entier est tenu au courant des progrès accomplis en France par la science, avec une rapidité que diminuent seules la distance et la difficulté des communications.

Fondée sur le plan le plus large, l’Académie de Paris embrasse tout l’ensemble des connaissances scientifiques. La géométrie, la mécanique, l’astronomie, la géographie et la navigation, la physique, la chimie, la minéralogie et la géologie, la botanique, l’anatomie et la zoologie, y ont chacune leur section particulière. La médecine et l’agriculture, bien que représentées dans la même ville par des sociétés spéciales, y forment également deux sections. Tendant ainsi la main d’un côté à la science pure si chère aux esprits élevés, de l’autre à cette science pratique dont l’influence se fait ressentir jusque dans les derniers rangs de la société, l’Académie acquiert tous les jours une influence plus réelle. Elle est devenue le centre d’un immense mouvement intellectuel. Long-temps avant la séance, ses portes sont assiégées par une véritable foule, toujours trop nombreuse pour la partie de l’enceinte réservée au public ; le savant, pour obtenir un tour de lecture, est obligé de s’inscrire bien à l’avance sur une longue liste qui ne s’épuise jamais, et souvent, après une attente prolongée, il se voit contraint de joindre son mémoire à cette correspondance volumineuse qui chaque lundi arrive au palais de l’Institut de tous les points de la France, de l’Europe et souvent des contrées les plus lointaines.

Dans les quatre premiers mois de cette année, l’Académie a tenu seize séances ordinaires et une séance solennelle destinée à la distribution des prix annuels. Cette dernière aurait dû avoir lieu en 1844, car les prix décernés s’adressaient aux travaux envoyés au concours de 1843. Ce retard regrettable trouve peut-être son excuse dans le grand nombre de mémoires présentés pour obtenir quelques-unes de ces récompenses que, grace à M. de Monthyon, l’Académie peut accorder au travail. Qu’on en juge par un seul exemple. Pour discuter le mérite relatif des pièces du concours de médecine,