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valoir. C’est dans ce sens que Fox en parla ; il promit d’ailleurs que, si la France refusait des conditions justes et raisonnables, tous les partis se réuniraient pour offrir leur appui au gouvernement. Pitt, après l’avoir remercié de cette déclaration patriotique, s’efforça de prouver que l’opposition n’était pas en droit de considérer comme une victoire l’adhésion que le cabinet donnait, dans des circonstances toutes nouvelles, à un système de conduite impraticable et dangereux au moment où elle l’avait conseillé. Pour réfuter les déclamations de Fox et de ses amis sur l’état déplorable où la guerre avait réduit le pays, il vanta les progrès du commerce, plus florissant, plus étendu qu’il n’avait jamais été pendant la paix. Il fit enfin l’apologie des lois répressives adoptées pendant la session précédente, et que Fox avait appelées un objet d’horreur et de terreur.

On prit ensuite en considération la partie du discours du trône qui se rapportait aux moyens de résistance à organiser contre une invasion française. Sur la proposition de Pitt, on vota la levée d’une milice supplémentaire de soixante mille hommes, qui ne devait être mise en complète activité qu’au moment du danger ; on vota aussi celle d’un corps de vingt mille hommes de cavalerie irrégulière et de quinze mille hommes à fournir par les paroisses pour renforcer le service de terre et celui de mer. On décida de plus qu’une milice serait organisée en Écosse, où il n’en existait pas. L’ensemble des forces de terre fut porté à cent quatre-vingt-quatorze mille soldats, celui des forces de mer maintenu à cent vingt mille soldats et matelots. Enfin, deux emprunts, l’un de 18 millions de livres sterling, l’autre de 13 millions, conclus, le premier au moyen de souscriptions individuelles, le second dans la forme ordinaire, pourvurent au déficit toujours croissant du revenu.

Hommes, argent, tout ce que le ministère réclamait pour la défense du pays lui fut accordé à l’unanimité. Un vote de confiance qu’il eut à provoquer rencontra plus de résistance. Dans l’intervalle qui s’était écoulé entre la dissolution du dernier parlement et la réunion du nouveau, le ministère avait pris sur lui de prêter à la cour de Vienne une somme de 1,200,000 livres sterling pour la mettre en état de soutenir ses armemens. Pitt ne se borna pas à demander à la chambre des communes un bill d’indemnité, il demanda encore qu’on lui ouvrît un crédit de 3 millions de livres sterling, dans les limites duquel il pourrait éventuellement faire de semblables avances. Fox combattit avec une vivacité extraordinaire une proposition qui lui paraissait conduire au pur arbitraire et à l’anéantissement des garanties