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dynasties égyptiennes, la XXVIIIe, la XXIXe et la XXXe, formées de neuf règnes successifs dont la durée totale est d’environ soixante-quatre ans, et dont le dernier, celui de Nectanebo II, finit douze années seulement avant l’arrivé d’Alexandre.

Le premier de ces rois est Amyrtée, qui commence à régner en 404. Les chronologistes s’accordent, en général, à croire que c’est ce même Amyrtée qui s’était retiré dans les marais du Delta après sa défaite et la mort d’Inaros, vers 458, et cette opinion est adoptée encore par Clinton[1] et par sir Gardner Wilkinson[2] ; mais elle n’est pas admissible. Outre qu’il s’est écoulé environ cinquante ans entre cette défaite et le moment où Amyrtée reparaît comme roi d’Égypte, on oublie qu’Hérodote a dit formellement que les Perses ont permis à son fils Pausiris de lui succéder. L’Amyrtée de Manéthon ne peut donc être que le fils de ce Pausiris, conséquemment le petit-fils de l’Amyrtée d’Hérodote et de Thucydide, et ce n’est pas le seul exemple qui montre que, chez les Égyptiens comme chez les Grecs, les noms sautaient une génération et passaient aux petits-fils.

Ce prince était déjà sorti de ses marais en 414, se soulevant contre Darius II ; mais ce ne fut que plus de dix ans après, à la mort de ce roi et à l’avènement d’Artaxercés II ou Mnémon, qu’il se montre comme souverain de l’Égypte, et qu’on voit, pour la première fois depuis Psamménite, reparaître une dynastie nationale.

Comment ce changement s’est-il opéré ? Comment Artaxercés II a-t-il été forcé de consentir à cette modification, si importante dans les relations politiques des deux pays ? Est-ce la guerre avec son frère Cyrus qui l’avait réduit à cette extrémité ? C’est ce que l’histoire ne nous apprend pas. Mais si la cause est inconnue, le fait est constant. Il n’est pas moins certain qu’Amyrtée eut pour successeurs cinq rois formant la dynastie mendésienne, à savoir : Néphérites, qui régna six ans, Ahoris, treize ans, Psammuthis[3], un an, Népherites II, quatre mois, et Muthis un an ; puis trois rois formant la dynastie sébennytique, à savoir : Nectanebo Ier, ayant régné dix-huit ans, Tachos, deux ans, Nectanebo II, huit ans ; après quoi l’Égypte retomba pour douze ans sous la domination persane. Puis, survint Alexandre, et commença la domination grecque.

Ainsi les noms des rois perses disparaissent des dynasties de Manéthon à partir de l’an 404, c’est-à-dire de l’avènement même d’Artaxercès

  1. Fasti Hellen., ad ann. 455.
  2. Manners and Customs, t. I, p. 202, 203.
  3. C’est le Psammitichus de Diodore.