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rapide écoulement des eaux malfaisantes, ont absorbé la plus forte partie de cette allocation. Grace à ce sacrifice, notre système hydraulique a pu prendre un prodigieux développement. Il y a actuellement, sous les rues de Paris, 119 kilomètres, près de 27 lieues d’égouts. Les habitans ont à leur disposition 1590 bornes-fontaines, sans compter le service des fontaines marchandes. Le cinquième et dernier article des travaux extraordinaires concerne l’agrandissement de la voie publique. Après 1830, on a employé, principalement en indemnités d’expropriation, une somme de 18,314,092 francs, deux fois plus que pendant la période prise pour point de comparaison. En résumant ces divers calculs, on remarque, non sans surprise, que la somme utilisée en constructions nouvelles, pendant les dix dernières années de la restauration, a été plus considérable que celle qu’on a consacrée au même usage pendant les dix années postérieures à 1830. Le total de la première période donne 77,744,963 francs, et celui de la période suivante, 69,178,697 fr. ; c’est 900,000 fr. de moins par année, avec une population plus forte et des ressources plus abondantes.

A partir de 1840, on a pu donner une impulsion plus vive aux travaux extraordinaires, et la moyenne de la restauration se trouve aujourd’hui dépassée. Les sommes employées en 1843, en réunissant aux crédits alloués par le budget, les supplémens pris sur les fonds disponibles, ont formé un total de 8,598,690 francs. Pour l’exercice de 1845, le conseil municipal a voté 7,915,815 francs. Une multitude d’opérations utiles sont en voie d’achèvement. Pour les prochaines années, on nous promet des merveilles. La translation du timbre près de la Bourse, une salle d’opéra digne de sa destination, la bibliothèque royale, élevée en regard de l’Hôtel-de-Ville, à la place d’un dédale de ruelles infectes, l’agrandissement et l’isolement du Palais-de-Justice, évalués à 14 millions, et, dans une perspective un peu plus lointaine, la construction des nouvelles halles, pour lesquelles on prévoit une dépense de 22 millions, achèveront cette magique transformation de Paris, qu’avait rêvée le génie impérial.

Après avoir analysé les opérations auxquelles donne lieu le budget parisien, il nous reste à exprimer l’impression que laisse l’ensemble de ce mouvement financier : nous le ferons succinctement, et en toute sincérité. Le fait le plus frappant est la prodigieuse diminution dans l’usage des substances nutritives les plus propres à entretenir la vitalité d’une population, le vin et la viande de boucherie : c’est là un symptôme indubitable de pénurie dans la classe ouvrière. La cause