Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 10.djvu/309

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De toutes les merveilles accomplies depuis le commencement du siècle en faveur de la population parisienne, la plus surprenante peut-être est la somme énorme que ses administrateurs ont pu obtenir d’elle. De l’an VIII, époque de la réorganisation départementale, jusqu’à 1844 inclusivement, c’est-à-dire en 45 ans, les recettes se sont élevées en total et en nombre rond à 1,730 millions. Au commencement de cette période, les revenus annuels s’élevaient péniblement à 10 ou 12 millions ; ils augmentèrent rapidement, grace à l’accroissement de la population, au mouvement des affaires, et surtout aux progrès de la science fiscale. A la chute de l’empire, les recettes donnaient 24 millions ; à la fin de la restauration, les chiffres atteignaient, à peu de chose près, ceux de l’époque actuelle. Enfin, les prévisions de recettes pour 1845 viennent d’être admises, par ordonnance royale, pour la somme de 46,017,214 francs. Il ne faut pas conclure de ce qui précède que les revenus de la ville de Paris ont cessé de s’accroître depuis la révolution de 1830. Les chiffres officiellement déclarés sont les mêmes, mais non pas les résultats positifs. Nous allons expliquer la cause de cette trompeuse similitude, en décomposant le budget de 1843, la dernière année dont le compte définitif ait été publié.

Les recettes qui composent le revenu de la ville de Paris sont de natures diverses : les unes, comme les centimes communaux et l’octroi, sont de véritables impôts levés sur les propriétés, les consommations et les transactions ; d’autres recettes, comme la distribution des eaux et les actes de l’état civil, sont le juste paiement d’un service d’autres produits résultent de la vente ou de la location des biens patrimoniaux de la commune. Enfin, on porte à l’actif des sommes qui n’y figurent que pour ordre, et qui augmentent considérablement le total, sans surcharger les contribuables. Tels sont les emprunts et autres recettes extraordinaires.

La cotisation de la propriété foncière forme le premier chapitre, sous le nom de centimes communaux. On sait qu’un vingtième environ de l’impôt direct voté par les chambres, et perçu par l’état, est restitué aux communes pour leurs besoins particuliers. Ce recouvrement fait rentrer dans la caisse parisienne un peu plus d’un million de francs par année ; mais les réclamations que ce produit soulève font pressentir qu’il subira prochainement quelque réduction.

Le principal élément du revenu rentre dans la classe des contributions indirectes. Si l’on pense à la consommation dévorante d’un foyer tel que Paris, on ne s’étonnera plus des ressources considérables