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conversion subsiste ; seulement il devient plus faible, et, ce qui est bien plus grave, déjà des doutes s’élèvent sur les résultats du lendemain. Avec le doute naît la peur, et l’on sait qu’il n’en faut pas davantage, pour mettre tout en péril.

Il ne faut pourtant pas croire que ces difficultés fussent alors même insurmontables. Non ; si la conversion était entreprise en 3 trois quarts, comme les circonstances et l’état de notre crédit semblent l’indiquer, elle serait assurément une opération grave et délicate, mais non pas impossible. Il faudrait chez le ministre qui l’entreprendrait, avec une certaine habileté, beaucoup de circonspection et de prudence. Il devrait s’armer de précautions, choisir le moment favorable, et s’entourer à tout évènement de l’appui de quelques grandes maisons. Ces mesures bien prises, et l’opération poussée tout à la fois avec vigueur, avec intelligence et avec suite, nous ne doutons pas qu’elle ne s’achevât sans aucun ébranlement fâcheux. Quoi qu’il en soit de cette pensée, il est certain que c’est dans ces conditions seulement que la conversion réduirait les rentes à leur véritable taux, et placerait nos fonds sur le degré de l’échelle où l’état réel de notre crédit les porte.

Voilà donc ce qu’il serait possible de faire dès à présent. Remarquez bien que ce n’est pas ce que nous proposons soit au gouvernement, soit aux chambres ; nous savons trop bien qu’un semblable conseil ne serait pas suivi. Nous avons voulu montrer seulement tout ce qu’il serait actuellement permis d’entreprendre. Supposons toutefois pour un instant que cette hypothèse vînt à se réaliser, et voyons quelle est la somme des économies annuelles qu’elle apporterait au budget de l’état.

Le montant des rentes 5 pour 100 inscrites au grand-livre était, au 1er octobre 1844 (voyez le projet de budget pour l’exercice de 1846), de 146,775,408 francs, formant un capital de 2,935,508,160 francs. En faisant déduction de ce qui appartient à la caisse d’amortissement, pour avoir été racheté par elle lorsque le 5 était au-dessous du pair, ce qui reste à payer annuellement de ce chef aux porteurs de rentes s’élève encore, en chiffres ronds, à 134 millions, représentant un capital de 2 milliards 680 millions. C’est sur cette somme de 134 millions, montant des intérêts annuels, que les réductions devraient porter, le capital restant nominalement le même.

Si le 5 était converti seulement en 4 et demi, ce serait donc, sur cette somme de 134 millions, une réduction d’un dixième à effectuer, soit 13 millions 4.00,000 francs. Cette économie n’est pas énorme, sans doute : nous conviendrons même qu’il est telle mesure législative