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les intérêts annuellement servis par le trésor : encore cette économie dérisoire devrait-elle être achetée par une augmentation correspondante du capital. Rien ne prouve mieux que la hardiesse de ces assertions combien la longue résistance du pouvoir à une mesure juste autant qu’utile a encouragé l’erreur. Nous verrons, au contraire, que la plus faible des réductions que l’on puisse effectuer est au moins de 13 millions ; qu’une réduction double de celle-là, ou de 26 millions, ne serait guère plus difficile à obtenir, et que, si l’on voulait aller jusqu’aux dernières limites du possible, on arriverait dès à présent, sans concessions aucunes, à des résultats encore plus grands.

L’importance de la mesure étant ainsi déterminée, entrons dans l’examen des questions qui s’y rattachent. La première est celle-ci : la conversion est-elle juste ? est-elle légale ? Bien qu’à vrai dire il n’existe plus aujourd’hui qu’une opinion sur ce sujet, quelques voix se sont pourtant élevées pour combattre le principe. Il se rencontre encore des hommes qui repoussent d’une manière absolue toute idée de conversion. Sans nous livrer à une discussion approfondie de leur système, il nous suffira peut-être d’en signaler l’inconséquence.

Que veulent-ils ? Que le 5 pour 100 soit déclaré irremboursable ? Si l’on venait jamais à adopter une résolution aussi étrange, il faudrait tout au moins changer les termes de la proposition, pour ne pas faire figurer dans la loi une absurdité ou un non-sens. Comment ne voit-on pas que la seule formule, 5 pour 100, à laquelle on s’attache sans y prendre garde, et qu’on veut conserver, emporte avec elle l’idée du remboursement que l’on repousse ? D’où viennent, en effet, ces termes cinq et cent, et que signifie le rapprochement de ces deux chiffres ? Est-ce que jamais, soit dans les mains des rentiers, soit sur les livres, de l’état, ce fonds s’est divisé en particules de cinq francs ? Est-ce qu’il y a jamais eu à la Bourse un rapport nécessaire et constant entre cinq francs de rentes et cent francs de capital ? Évidemment non : cette formule ne s’explique qu’autant que le fonds, dont il s’agit, est remboursable, et les deux chiffres qui la composent expriment précisément le rapport à établir entre le capital et la rente, dans le cas prévu du remboursement. Otez l’idée du remboursement, il n’y a plus de cinq : en outre, ce chiffre cinq n’a plus aucun rapport nécessaire avec le chiffre cent auquel on l’associe. Aussi quand nous disons 5 pour 100, c’est exactement comme si nous disions : fonds remboursable à raison de cent francs de capital pour cinq francs de rentes. C’est pourquoi déclarer, comme on le demande, le 5 pour 100 irrem3oursable, ce serait établir dans la même proposition le pour et le