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que cette abdication de don Carlos, dont l’Europe vient de s’émouvoir, car il est bien démontré maintenant que dans ce parti il n’est pas un seul homme considérable qui ne soit décidé à combattre la contre-révolution. C’est un heureux évènement pour chacun des membres du cabinet Narvaez, dont le dévouement à la monarchie constitutionnelle ne peut plus aujourd’hui être mis sérieusement en question.


— Une foule nombreuse, où l’on distinguait les hommes politiques les plus considérables, se pressait vendredi 13 juin dans les salons de l’hôtel Molé, si éclatant cet hiver et aujourd’hui revêtu d’un deuil funèbre ; on venait assister au convoi de Mme la comtesse Molé et rendre les derniers devoirs à une personne universellement regrettée. Mme la comtesse Molé, qu’on voyait dans le monde il y a un mois encore, a été enlevée par une maladie qui ne pardonne pas, mais qui d’ordinaire affecte une marche moins soudaine. Elle était une de ces personnes dont on peut dire, en résumant leur vie, qu’elles ont passé en faisant le bien. D’un esprit très cultivé et orné de connaissances, elle ne l’appliquait qu’aux choses du dedans ; on l’aurait vue tout entière partagée, depuis des années, entre l’éducation de sa petite-fille, Mlle de Champlâtreux, et les soins qu’elle rendait à sa propre mère, Mme de La Briche, morte l’année dernière seulement : chaque matinée était consacrée à ce double devoir. Ame pieuse et pure, elle a été douce envers la mort elle-même, et l’a vue venir avec une résignation presque sereine qui se puisait dans une foi profonde. Centre et lien d’une famille nombreuse, elle emporte avec elle une grande part du foyer domestique. Les belles habitations de Champlâtreux et du Marais, où l’on se rassemblait les étés autour d’elle, sont veuves désormais ; la place qu’elle tenait dans la vie d’un grand nombre, et que dérobait sa modestie, va être bien apparente aujourd’hui qu’elle n’est plus ; le vide qu’elle laisse est immense.




REVUE SCIENTIFIQUE.


Lorsqu’à l’instigation de M. Arago, l’Académie des Sciences se décida, il y a peu d’années, à publier chaque semaine le compte rendu de ses séances, on dut penser que cette publication officielle, dirigée par les secrétaires perpétuels, offrant la substance des communications faites à l’Académie, rendrait inutiles les diverses relations scientifiques qui paraissaient régulièrement dans les feuilles périodiques. C’est là le motif qui porta peu à peu la Revue à cesser de rendre compte à ses lecteurs des séances d’un corps qui rédigeait lui-même le bulletin de ses travaux. Cependant, malgré l’extension donnée sans cesse à ce bulletin, on a vu, dans les derniers temps, non sans quelque