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A Bahia 22,202
A Fernambuco 8,079
A Maranham 1,252
A Para 799
TOTAL 32,332 pour dix-huit mois, ou pour un an 21,554

ce qui, ajouté aux esclaves débarqués à Rio, donnerait 78,000 pour l’importation annuelle du Brésil.

Sur les instances de l’Angleterre, dom Pedro publia, en novembre 1831, un décret portant que tout esclave débarqué au Brésil deviendrait immédiatement libre. Le décret ne fut point exécuté, et il arriva, comme en Angleterre avant l’abolition, que la traite prit un immense développement dès qu’on la crut menacée. Le traité conclu avec l’Angleterre en 1835 fut tout aussi inefficace que le décret de dom Pedro, et, le 30 juin 1837, le marquis de Barbacena disait dans le sénat brésilien sans trouver de contradicteur : « On peut affirmer, sans craindre d’exagérer, que, dans les trois dernières années, l’introduction des noirs a été bien plus considérable qu’elle ne l’a jamais été quand la traite était un commerce légal et sans entraves. » Il serait facile d’accumuler des témoignages analogues, émanés des autorités brésiliennes, et il est certain, en effet, que, du 1er décembre 1836 au 31 mai 1837, en six mois, 27,437 nègres furent débarqués dans la province de Rio-Janeiro.

Voici, d’après les documens anglais, le nombre de négriers arrivés dans la province de Rio-Janeiro, et le nombre d’esclaves débarqués par eux pour ces dernières années


1837 92 navires 41,600 noirs
1838 59 24,790
1839. 64 30,380
1840 28 14,910
1841 20 8,370
1842 21 8,894

On est frappé tout d’abord de l’énorme diminution qui se serait opérée dans le nombre des négriers et des esclaves de 1837 à 1842 ; mais il ne faudrait pas se faire illusion. Il est facile d’expliquer cette diminution plus apparente que réelle. L’accroissement considérable pris par la traite malgré le traité de 1835 avait provoqué de la part de l’Angleterre de très vives remontrances au gouvernement brésilien, et un redoublement de vigilance de la part des croiseurs. Puis, pour les deux années où commence la réduction, 1840 et 1841, il faut faire la part des dispositions du ministère brésilien de cette époque,