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fournir des solives de 10 mètres. On aurait pu, il est vrai, apporter du sud de la Mésopotamie des troncs de palmiers ; mais cet arbre est frêle : debout, il résiste assez bien (et aujourd’hui on ne l’emploie qu’ainsi), tandis que placé horizontalement il perd toute sa force et se rompt facilement. En admettant la seconde hypothèse, il se présente encore deux manières de concevoir l’établissement d’une charpente composée de poutrelles placées bout à bout, et reposant sur des supports : ou ceux-ci étaient des colonnes en pierre, ou ils étaient en bois. J’ai fait faire, pour m’en assurer, le déblai de la plus spacieuse des salles, et j’ai acquis la certitude que ni les uns ni les autres n’avaient jamais existé. Si un plafond en charpente eût été établi sur des colonnes, puisque j’ai retrouvé presque toutes les pierres du revêtement soit en place, soit tombées au milieu des décombres, il n’y avait pas de raison pour que je ne retrouvasse pas également quelques débris des colonnes en pierre qui auraient supporté la toiture. Quant aux piliers de bois et aux poutrelles assemblées qu’ils auraient soutenues, je n’aurais pas manqué, dans ce cas comme dans celui où les solives eussent été d’un seul morceau, de retrouver ou le bois lui-même, ou une grande quantité de charbon provenant de la combustion ; car ayant, dans le voisinage des portes, découvert, à demi consumés, quelques-uns des montans auxquels étaient adaptés les battans, j’aurais dû, à plus forte raison, retrouver des débris ou une quantité énorme de charbon représentant les nombreuses poutres qui auraient formé le plafond fait de bois d’une seule pièce, ou composé de plusieurs solives appuyées sur des piliers.

2° La supposition d’un toit en chevron tombe d’elle-même après ce qui précède.

3° Reste celle d’une voûte, et c’est à la fois la plus difficile à constater, et, je le sais, la plus dangereuse à soutenir, quoique ce soit, à mon sens, la plus vraisemblable. Aussi, n’avançant rien d’une manière positive, je me bornerai à développer, comme je crois pouvoir le faire, mes raisons, en les soumettant à de plus éclairés que moi.

D’abord, si l’on renonce aux deux premiers modes de couverture, il faut bien, de toute nécessité, en venir à la voûte, quelle qu’en soit d’ailleurs la construction ; car l’incrédulité qui s’attacherait à la nier ne pourrait alléguer l’hypothèse de salles à ciel ouvert, ou seulement couvertes de tentures, ainsi qu’on l’a fait pour Persépolis. Sous le climat du sud de la Perse, où la pluie tombe rarement, on conçoit, à la rigueur, que l’on ait pu se passer d’une toiture solide, quoique ce fait soit loin d’être démontré, mais on ne pourrait l’admettre pour