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d’humanité s’attache au problème, qu’on peut réduire aux termes suivans : trouver un moyen certain de prévenir les mineurs de la présence de l’hydrogène carboné ; découvrir un procédé d’aérage suffisant pour assainir les mines dont l’atmosphère est viciée par ce gaz redoutable.

La seconde moitié de la question a été traitée d’une manière remarquable par un habile ingénieur, M. Combe, qui, dans son traité de l’aérage des mines, a apporté de véritables perfectionnemens aux procédés suivis jusqu’à ce jour ; mais, quelle que soit la valeur réelle des moyens employés pour renouveler l’air dans les galeries souterraines où s’agite un peuple d’ouvriers, ces moyens deviennent insuffisans dès qu’il s’agit d’une mine considérable. Heureusement il n’arrive presque jamais que les travaux soient tous à la fois envahis par l’hydrogène carboné ; le plus souvent l’explosion n’a lieu que sur quelque point circonscrit. Tout moyen capable d’indiquer le lieu précis où ce gaz se dégage, et où par conséquent existe le danger, aura donc un double avantage : celui de prévenir les ouvriers et de leur donner le temps de fuir le péril ; celui de désigner le point où il faut diriger tous les moyens d’aérage dont on peut disposer. C’est à ce point de vue que M. Chuart s’est occcupé de la question, et son gazoscope ou appareil destiné à annoncer la présence du gaz paraît répondre à toutes les exigences de la pratique. Cet instrument est fort simple, et repose uniquement sur ce fait général, qu’un corps plongé dans l’air ou dans l’eau perd un poids égal au poids de l’air ou de l’eau dont il occupe la place.

Prenons deux ballons de verre réunis par une mince tige métallique, et choisis de telle sorte que l’un d’eux étant plongé dans l’eau, l’autre soit soutenu à une certaine distance au-dessus de la surface du liquide. L’appareil restera en repos tant qu’aucune cause ne viendra troubler l’équilibre qui s’est établi ; mais si l’air devient tout à coup plus léger qu’au commencement de l’expérience, ce sera exactement comme si on ajoutait un certain poids au ballon aérien, et par conséquent l’appareil s’enfoncera dans le liquide comme un bateau dont on augmenterait la charge. Or, c’est précisément ce qui arrive quand l’hydrogène carboné se dégage, car ce gaz est beaucoup moins pesant que l’air respirable. On comprend dès-lors qu’il suffira de placer ’sur le trajet de ce ballon une détente capable de faire partir une sonnerie pour être prévenu à distance que le ballon aérien est descendu, et qu’il existe dans le voisinage une source de gaz.

Bien des petites questions secondaires devaient être résolues pour rendre usuel et par conséquent utile l’appareil dont nous venons de donner une idée générale. Il fallait que le ballon aérien fût à la fois très léger et assez solide pour que le moindre choc ne vînt pas le briser. Le verre était loin de remplir ces conditions. Après deux ans d’essais et de recherches, M. Chuart a fait fabriquer des ballons en cuivre frappés au marteau, qui pèsent à peine dix-huit milligrammes, et qu’on peut gonfler avec la bouche comme de simples vessies. Il en a exécuté d’autres en caoutchouc pour de petits appareils portatifs destinés aux explorations journalières. Un compensateur très simple a