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difficile de bien distinguer les sujets, tant ils sont dégradés, mais dont le mouvement général est heureux et dont l’exécution dut être ferme et hardie. Enfin, en levant les yeux du côté du chœur, on aperçoit un pan de muraille se distinguant de toutes les autres parties de la construction qui lui sont adhérentes, soit par la vigueur de son appareil, soit par l’aspect noirâtre de ses pierres frustes et rongées, soit ??? par une corniche dont les détails sont plus robustes et plus largement dessinés que dans toutes les autres parties de l’édifice. En un mot, ce pan de muraille a toutes les apparences d’une assez grande vétusté ; aussi, sans rien préjuger sur ce que nous pourrons ultérieurement découvrir ou conjecturer, il y a toute probabilité que ce doit être là une des parties les plus anciennes de l’église.

Retournons maintenant à l’autre extrémité de l’édifice : entrons sous le grand porche, et pénétrons dans la nef. Un spectacle imposant et harmonieux s’offre à nous. Ce ne sont pas des dimensions gigantesques ; mais telle est la justesse des proportions, que l’œil ne demande à pénétrer ni plus loin ni plus haut. La largeur, la profondeur et l’élévation du vaisseau sont combinées dans des rapports de parfaite concordance. Ce n’est pas cet élancement vertical et aigu, cette apparence presque aérienne et fragile des constructions dont l’ogive est le principe unique ; ce n’est pas non plus cet air de force et de majesté, cette solidité puissante dont l’arcade semi-circulaire est l’élément générateur : c’est vraiment un mélange, une fusion des effets de ces deux sortes de style ; le génie de la transition semble planer sous ces voûtes, aussi robustes, que hardies, mais, avant tout, harmonieuses.

Et pourtant, au premier aspect, vous croyez entrer dans un monument où l’ogive, seule est admise : les arcades, les voûtes se terminent en pointe ; les nervures et l’ensemble de la décoration semblent empruntées à une église entièrement à ogive. Ce n’est qu’au bout d’un instant, en levant la tête, que vous vous apercevez que les grandes fenêtres qui éclairent le sommet du vaisseau sont à plein cintre ; que le plein cintre règne également dans la petite galerie placée au-dessous de ces fenêtres ; que, dans le chœur, les trois premières travées reposent sur des arcades semi-circulaires, et que la décoration des chapelles groupées autour de l’apside se composé aussi de petits arcs à plein cintre. Enfin, si vous montez dans les vastes galeries ou tribunes qui s’étendent sur tous les collatéraux de la nef et du chœur, là encore vous trouvez des fenêtres semi-circulaires, que, du sol de la grande nef, vous ne pouviez apercevoir. En un mot, cet intérieur