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feront un argument de cette influence extraordinaire exercée par des étrangers à peine établis sur le territoire de l’Union, et, exploitant la jalousie nationale, ils demanderont la modification des lois de naturalisation. Ce sera là le champ de bataille entre les deux partis d’ici à la prochaine élection. Quant au candidat opposé à M. Polk ; ce ne sera plus M. Clay il restera l’homme le plus éminent de son parti, mais ne le représentera plus devant les électeurs. On a mis en avant plusieurs noms, entre autres celui du général Scott, auquel les journaux du parti recommandent déjà de ne point parler politique, pour ne se compromettre avec personne et pour éviter d’être trop connu, comme M. Clay.

La politiqué extérieure de l’Union est déterminée par les affaires intérieures. Le statu quo est donc ce qui prévaudra. On peut être certain seulement que les entreprises de la Grande-Bretagne dans les deux Amériques seront l’objet de la plus active surveillance, et que le gouvernement américain fera tous ses efforts pour arrêter ou entraver la propagande abolitionniste de l’Angleterre dans les Antilles et dans tous les états à esclaves. Rien ne sera épargné pour enlever à l’influence de l’Angleterre et acquérir aux États-Unis l’Orégon, la Californie et le Texas. Quant à ce dernier pays, si M Polk pouvait obtenir la majorité dans le congrès, peut-être offrirait-il à l’Angleterre un abaissement dans le tarif, en échange de son consentement à l’annexion du Texas aux États-Unis. L’Angleterre accepterait peut-être cette transaction, car elle n’ignore pas les rapides progrès que fait l’industrie manufacturière dans la Pensylvanie et le New-York. Ce dernier état est maintenant à lui seul plus riche et plus peuplé que n’étaient les treize anciens états au sortir de la guerre de l’indépendance, et il a un revenu beaucoup plus considérable. C’est au système protecteur qu’est dû ce rapide accroissement ; ses partisans essaient de persuader aux états du sud qu’en attaquant le tarif, ils secondent la politique anglaise, et que le rappel de cette mesure aurait pour conséquence une inondation de marchandises et d’émissaires anglais, qui en échange de leur argent leur apporteraient une guerre servile. Ils ajoutent, avec quelque raison, que l’Angleterre n’attend, pour se passer des états du sud et même les ruiner, que de pouvoir tirer de ses colonies des deux Indes assez de coton pour sa propre consommation, et qu’il est par conséquent de l’intérêt bien entendu des états du sud de se créer, sur le territoire de l’Union, un marché suffisant pour remplacer celui qui ne peut manquer de leur échapper un jour.




On parlait depuis long-temps de la découverte d’un manuscrit contenant les fables célèbres et perdues de Babrius ; une pareille annonce était faite pour piquer la curiosité non-seulement des érudits de profession, mais de toutes les personnes qui s’intéressent aux lettres grecques. Le manuscrit avait été trouvé et copié dans un couvent du mont Athos par un savant zélé, Grec d’origine, M. Mynas, que M. Villemain avait eu l’heureuse idée de charger d’une mission scientifique dans son propre pays. Ce ne fut point là l’unique résultat de l’utile excursion de M. Minoïde Mynas : ainsi la Dialectique inédite de Galien, qui vient d’être publiée par M. Mynas lui-même, servira aux