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L’agriculture, qui alimente les équipages et fournit aux navires des objets d’exportation, est la meilleure base de l’industrie maritime comme de l’industrie manufacturière ; elle paiera avec usure les dépenses de canalisation dont le dessèchement du territoire de Calais sera la conséquence.

Il n’y a dans ces travaux rien que de simple et de facile, et ils ont été, pour ainsi dire, votés avec ceux qui viennent d’être exécutés et qui, sans ce complément, demeureraient imparfaits.

Il en est autrement de la digue de la Bassure. Cette entreprise est de celles dont l’exécution n’est bonne, sûre et rapide que lorsqu’elle a été préparée par des études profondes ; mais ces études, il est urgent de s’y livrer. Les beaux travaux de nos ingénieurs hydrographes ont mis à découvert la base sur laquelle peuvent s’élever les défenses d’une rade de Boulogne, et d’un autre côté le parlement et l’amirauté d’Angleterre nous ont avertis par leurs exemples ; ils ont pris sur nous les devans par les projets de leurs ports de refuge. Résignons-nous, s’il est impossible qu’il en soit autrement, à voir la supériorité de nos voisins grandir encore dans ces parages ; ne nous résignons cependant que quand cette impossibilité sera démontrée : alors l’inertie sera un malheur et ne sera pas une honte. Mais, si la nature même des lieux nous convie à établir une rade à sept heures au nord de Paris, hâtons-nous de rendre grace à la Providence et de mettre ses dons à profit ; en quelques années, nous triplerons nos relations avec les mers du nord, nos côtes septentrionales deviendront hospitalières pour nos amis, respectables pour nos adversaires, et, protégée par Cherbourg et par Boulogne, l’embouchure de la Seine n’aura rien à envier, en sûreté, à celle de la Tamise.

J.-J. Baude.