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preuve pendant la guerre, la faiblesse du nombre. La petite pêche est son occupation principale. L’habitude de braver sur de légères embarcations les écueils et les tempêtes d’être à la fois la tête et le bras dans la manœuvre, d’avoir tantôt à ne compter dans le danger que sur soi-même, tantôt à se dévouer pour ses amis et ses frères, donne à l’ame des pécheurs une trempe d’une énergie remarquable ; leur esprit d’observation s’exerce avec leurs autres facultés dans la poursuite de leur proie ; les parages qui les font vivre n’ont point de courans ni d’écueils qui ne leur soient familiers. Nous n’avons donc à souhaiter, pour cette brave population, que l’élargissement d’une carrière qu’elle saura toujours remplir.

Mais la force navale ne consiste plus uniquement aujourd’hui dans le nombre des matelots ; la houille en est le générateur le plus puissant, et, sous ce rapport encore, l’Angleterre a sur nous d’incontestables avantages Le combustible fossile abonde sur toutes les parties de son territoire ; les mines de Newcastle, du pays de Galles, de l’Ecosse, versent pour ainsi dire sans intermédiaire, leurs charbons dans les navires, tandis que nous n’avons à portée de la côte que les mines d’Anzin, bien moins riches et bien plus coûteuses à exploiter. Il est question dans le monde industriel de procédés faits pour diminuer beaucoup cet état d’infériorité. Des expériences au moins dignes de la plus sérieuse attention ont été faites sur la compression de la tourbe, et il semble que, par l’emploi de la puissance mécanique, on pourrait condenser à très peu de frais, sous un faible volume d’une compacité supérieure à celle de la houille, le calorique contenu dans le combustible végétal. L’annonce de ces sortes de découvertes ne doit jamais être reçue qu’avec défiance ; cependant, quand on considère les prodiges enfantés depuis trente ans par l’application de la chimie et de la mécanique, à l’industrie, on reconnaît que dans cette période les limites du possible ont beaucoup reculé, et que dans un temps où les intelligences sont si fortement tendues vers ces sortes de combinaisons, le résultat qui vient d’être indiqué n’aurait rien de surprenant. En fait, la tourbe est un réservoir de calorique qui n’est exclu d’un grand nombre d’emplois que par son trop de volume et de friabilité, et il n’y a aucune raison grave de désespérer qu’on puisse remédier à ces deux inconvéniens : l’industrie est aujourd’hui accoutumée à répondre, comme ce courtisan, aux appels qui lui sont adressés, que ce qui est possible est fait, et que ce qui est impossible se fera. Si l’on parvenait à carboniser la tourbe par condensation, nous aurions peu de chose à envier aux mines de l’Angleterre. Les