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quelque adhérence à notre sol ; beaucoup d’entre elles y sont attachées par la naissance, par l’éducation de leurs enfans ; quelques-unes même y sont devenues propriétaires, et tendent à y acquérir, par prescription, une sorte de naturalisation. Les Anglais s’assimilent peu aux populations étrangères parmi lesquelles ils vivent ; ils s’en tiennent isolés, et conservent soigneusement les goûts et les habitudes de leur pays : néanmoins, il est permis de voir dans ces établissemens anciens et nombreux, dans ces préférences réfléchies, un indice d’affaiblissement des préjugés nationaux. Dans ces transpositions d’hommes, des familles de la classe moyenne qui sont chez elles à peu près exclues des jouissances de la propriété territoriale, des individus réduits à la pauvreté par l’excès d’inégalité du partage des successions font, entre les institutions de la Grande-Bretagne et les nôtres, des comparaisons qui ne sont certainement pas désavantageuses, à la France. Cette population qui se détache du sol britannique ne nous appartient sans doute pas : avant de se fixer, elle doit éprouver de nombreuses oscillations ; mais elle doit finir par s’établir au milieu de nous, ou par aller inoculer à l’Angleterre les idées nouvelles de notre Code civil, charte de la famille bien autrement importante que les chartes des expliquerait peut-être le peu de sentimens affectueux du cabinet de Saint-James pour la colonie anglaise de Boulogne ; il la regarde comme un enfant émancipé dont les intérêts se sont séparés de ceux de la maison paternelle.

Parmi ces familles étrangères que la douceur et le bon marché relatif de la vie attirent à Boulogne, il en est beaucoup qui viennent y chercher pour leurs enfans une éducation que l’état de leur fortune ou le caractère des institutions ne permettrait pas de leur faire donner en Angleterre. Dans ce pays du privilège ne reçoit pas une éducation littéraire qui veut. Voici l’état des enfans anglais qui sont en ce moment élevés dans les établissements secondaires de Boulogne, et, pour le rendre complet, j’y comprends les jeunes filles.


Garçons Filles
Collège communal 48 «
Pensionnat de plein exercice ecclésiastique 25 «
Etablissement français laïques 47 140
Etablissement français religieux « 46
Etablissemens anglais religieux 179 154
Totaux 299 340