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par ses avantages les yeux les moins exercés fait présumer ce qu’y découvriraient, par une étude approfondie, des hommes capables d’en pénétrer les détail et d’en résumer les résultats.

Le port de Douvres a plus de réputation que d’importance ; c’est le bénéfice de sa position. Il n’est plus aujourd’hui qu’à trois heures et demie de Londres ; mais le chemin de fer du sud-est, qui lui procure cet avantage, lui a créé une redoutable concurrence en faisant sortir celui de Folkstone de son obscurité. Ce sera néanmoins toujours par Douvres que Londres correspondra avec le système de chemins de fer de Calais et de la Belgique. Le port de Douvres a reçu depuis quinze ans diverses améliorations. La plus considérable est l’établissement d’une écluse de chasse destinée à repousser les galets, que déposent à l’entrée de la passe les courans qui se forment, par les vents d’ouest, le long de la côte. Les chasses, étant faiblement alimentées, risquaient de ne point arriver avec assez de force au bout du chenal ; on les a rendues efficaces en les conduisant par un tuyau sous-marin au point à dégager. On agrandit en ce moment d’un hectare le bassin à flot (inner harbour) et l’on se propose de lui donner à l’est, dans le rentrant de la côte, une nouvelle entrée. Si le port, en effet, est souvent vide par les beaux temps, il est trop étroit quand les vents contraires y accumulent les navires obligés de stationner dans la Manche. Dans sa prévoyance attentive, l’amirauté dispose d’ailleurs ce poste avancé pour le rôle nouveau, auquel l’appellerait, en cas de guerre maritime, l’emploi des bâtimens à vapeur. L’Angleterre aurait alors à protéger cette immense navigation à voile dont l’embouchure de la Tamise est le foyer ; elle aurait à intercepter la nôtre, et Douvres, projeté dans la mer comme le saillant d’un bastion, est également propre à la défense et à l’attaque.

C’est probablement en raison de ces circonstances plutôt que des titres de la ville à la protection du lord des cinq ports, qu’au risque de ruiner la compagnie du chemin de fer du sud-est, M. le, duc de Wellington a mis une ténacité particulière à l’obliger de pousser ses rails jusqu’à Douvres. Ces exigences seraient du reste, pleinement justifiées, si l’on exécutait des projets que l’amirauté fait étudier depuis quatre ans. Il s’agit de créer devant Douvres, par l’établissement de 2,500 mètres de digues semblables à celles de Cherbourg, entre lesquelles on pénétrerait par trois passes de 210 mètres d’ouverture, une rade artificielle de 180 hectares, dont 128 auraient à mer basse de 4 à 11 mètres de profondeur, et 52 moins de 4 mètres[1], asile hospitalier

  1. Report on the Survey of the harbours of the South-Eastern Coast, 1840.