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les bons sentimens que nous témoigne un jeune membre de l’aristocratie anglaise qui est dans son pays à la tête d’un généreux mouvement politique ; n’est-ce pas une chose digne en effet d’être remarquée que les paroles par lesquelles un membre de la chambre des communes placé dans les rangs du torysme exprime si vivement l’intérêt que notre pays lui inspire ? « Ce n’est pas sans dessein, dit M. Smythe dans sa préface, que j’ai fait de si fréquentes allusions à la France ; en appréciant les partis et les opinions qui ont divisé ce pays, j’ai pu parler sans préjugé et sans partialité. J’ai pu admirer en France le génie des grands hommes sans être obligé de partager leurs haines et leurs passions. Je puis avouer ici, sans craindre que mes sentimens soient mal interprétés, que j’ai reconnu la grandeur des principes contraires, que je me suis laissé émouvoir par tous les glorieux souvenirs, qu’ils appartiennent à l’ancienne monarchie, à la république ou à l’empire. Je me suis attendri sur l’infortune du duc de Bordeaux. J’ai pleuré la mort du duc d’Orléans ; j’ai gémi sur la tombe d’Armand Carrel. Mais ce n’est pas seulement dans le désir d’apprendre et de dire la vérité sur tous les partis que je me suis adressé à la France. Il m’était naturel, en portant mes pensées sur l’histoire moderne, de me tourner vers ce grand peuple dont l’histoire récente est un vaste panorama, où les couleurs sont plus brillantes et les groupes plus frappans, les nuances plus variées et les contrastes plus abruptes ; où la lumière est plus belle et les ombres sont plus noires que dans toutes celles que j’eusse pu étudier ailleurs. C’est en France que nous avons vu la théorie la plus parfaite de l’absolutisme ; c’est en France que nous avons vu la théorie la plus parfaite d’une république ; c’est là que le grand compromis entre ces deux principes sera soumis à l’épreuve la plus large, au contrôle le plus sévère, à la discussion la plus vive. Je n’ai pas poursuivi non plus ce dessein sans espérer que je pourrai faire quelque chose, si peu que ce soit, pour amener une connaissance plus intime, un esprit plus conciliant, des sentimens meilleurs entre les deux grandes sœurs de la civilisation. »

La France occupe en effet les deux tiers des Historic Fancies. Une étude sur l’aristocratie française ouvre le volume ; des vers sur Armand Carrel le terminent. Une longue série de portraits biographiques des principaux hommes politiques de la révolution occupe la plus grande partie de ces esquisses. Barnave, Mirabeau, Dumouriez, Hoche, Marat, Hébert, Brissot, Barbaroux, Tallien, Louvet, Saint-just et Robespierre se succèdent dans cette galerie, ouverte par deux pièces de vers, où M. Smythe a voulu exprimer les