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de sa pensée ; il a cette sincérité transparente à travers laquelle comme dans le vivant langage de la physionomie et du geste, l’intelligence du cœur reconnaît une de ces natures élégantes et chevaleresques qui commandent tout de suite la sympathie.

Bien que sortie évidemment de la même source religieuse et conservatrice que celle de l’England’s Trust, la pensée des Historic Fancies a plus de largeur, plus de développement et plus de force. M. Smythe aspire ouvertement à une sorte d’éclectisme politique, à une conciliation des grandes opinions qui se combattent dans son pays et dans le monde. Pour cette œuvre d’harmonie, il prendrait sa base sur les intérêts conservateurs, il emprunterait aux intérêts démocratiques le but qu’ils se proposent en faveur des classes populaires, et c’est du sentiment religieux et des idées de devoir et de dévouement qui en découlent qu’il ferait descendre le feu sacré sur cette union. L’initiative de ce dessein n’appartient pas à M. Smythe : il est né de la situation même du royaume-uni et des récentes épreuves que l’Angleterre a traversées ; il s’est déjà réalisé par les progrès croissans de ce torysme religieux et dévoué au patronage des classes pauvres dont le groupe de la jeune Angleterre ne forme que l’avant-garde ; mais, pour accélérer ces progrès, d’est une heureuse idée que celle dont les Historie Fancies sont l’expression. Pour opérer cette fusion, il est naturel de chercher à comprendre ce qu’il y a de noble et de bon dans les opinions et dans les partis les plus contraires. Où peut-on se préparer à cet éclectisme, se former à cet esprit de tolérance politique, si ce n’est dans l’étude de l’histoire ? M. Smythe le croit, et il faut avouer qu’il ne saurait apporter à dette étude des dispositions plus convenables que celles qui lui ont dicté cette phrase : « Je n’ai jamais oublié que même chez les hommes les plus pervers, il y a plus encore à aimer qu’à haïr. »

Il y a d’ailleurs dans la direction que M. Smythe a donnée à ses études historiques quelque chose qui nous touche de plus près, quelque chose qui mérite bien notre attention et notre intérêt. M. Smythe est venu choisir principalement en France, dans notre histoire récente surtout, les enseignemens qu’il cherchait. M. Smythe a fait des efforts dont nous ne pouvons ne pas lui être reconnaissans pour comprendre notre civilisation et nos grands hommes. Je l’avoue, cette curiosité sympathique manifestée à l’égard de notre patrie me paraît aujourd’hui importante à plus d’un titre. Dans un moment où des fautes regrettables ont provoqué entre la France et l’Angleterre de si tristes conflits, je regarde comme un symptôme de bon augure