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demandait la paix, et les royalistes la promettaient. Si l’Autriche inspirait des craintes, l’attitude de lord Bentinck, la constitution sicilienne, l’influence de l’Angleterre, les promesses des princes italiens et celles des alliés, devaient rassurer les populations. D’ailleurs la dynastie de Napoléon ne pouvait survivre à Napoléon, il fallait de nouveaux rois à l’Italie ; aussi des révolutionnaires même demandaient à l’empereur d’Autriche des rois, n’importe lesquels. Le congrès de Vienne ne laissa pas la liberté du choix. Tous les princes légitimes rentrèrent en Italie sans exciter ni enthousiasme ni répugnance ; on les avait oubliés, et l’indifférence fut pour eux une amnistie.


III – L’AUTRICHE ET LA RESTAURATION

De 1814 à 1820, la révolution et la contre-révolution se développent en même temps. Bien que la contre-révolution ne fût point précisément dans la pensée de la sainte-alliance, la restauration de l’Autriche en Italie n’en était pas moins une violente réaction contre les idées libérales. Le premier soin de l’empereur François fut de détruire peu à peu les souvenirs de la France et du royaume d’Italie : Naples fut occupée par les troupes autrichiennes ; la Romagne et le Piémont se virent placés sous la surveillance du cabinet de Vienne. L’Angleterre retira ses troupes et cessa d’exercer son influence. Ainsi tous les états italiens tombèrent sous le protectorat officieux de la puissance autrichienne. Le roi Victor-Emmanuel, à peine rentré en Piémont, proclama par son premier édit que les états sardes étaient replacés dans la situation où ils se trouvaient en 1770. On feuilleta l’almanach royal, et on rendit leurs fonctions aux employés de 1796 en remplaçant par des royalistes zélés ceux qui étaient décédés. Gênes perdit sa liberté. En Toscane, on ferma les écoles d’arts, les monts de piété, on rétablit l’ancien régime et les vieilles lois de Léopold. Les partisans de Murat, le carbonarisme et l’occupation autrichienne donnèrent un caractère plus étrange la réaction napolitaine. La sainte-alliance avait imposé à Ferdinand de respecter les bonapartistes, et Ferdinand s’efforçait de dénaturer peu à peu toutes les lois françaises, et d’affaiblir les bonapartistes qu’il était condamné à garder aux emplois. L’Angleterre avait imposé de vive force la constitution sicilienne : la constitution fut supprimée en 1816, et cette suppression entraîna avec elle la perte des garanties de l’ancien parlement sicilien. Ferdinand avait encouragé les carbonari, et le prince Canosa, nommé à la police de Naples en 1816, opposa aux carbonari une secte de royalistes exaltés,