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ont reçue, ou plutôt il est douteux qu’elles aient reçu une solution. Quant au droit de visite, il est certain qu’une modification a été demandée à l’Angleterre. M. Guizot accablé sous le poids des concessions de Taïti et du Maroc, n’aura certainement pas laissé échapper l’occasion des épanchemens de Windsor pour demander une compensation à sir Robert Peel et pour stimuler sa reconnaissance ; il aura fait valoir les exigences des chambres et les périls de sa situation. D’un autre côté, les deux couronnes auront probablement abordé ce sujet délicat, et si les difficultés qu’il comporte sont heureusement résolues, nous pouvons dire dès à présent, sans manquer aux règles constitutionnelles, que la France devra en grande partie ce dénouement à l’impression produite en Angleterre par la royauté de juillet. L’évidence des faits nous met ici à couvert contre le soupçon de flatterie. Si le ministère trouve cette explication peu légitime, on pourra lui dire qu’elle est au moins honorable pour la France, tandis qu’il serait humiliant pour elle d’être forcée de s’avouer qu’elle doit aux faiblesses de son gouvernement un procédé juste et équitable de l’Angleterre. Entre une explication honorable et une explication humiliante, la France aura bientôt fait son choix. Quoi qu’il en soit, si une modification a été demandée à l’Angleterre sur le droit de visite, l’Angleterre n’a pas encore répondu. Ce que l’on a dit de ses intentions, de ce qu’elle exigerait en retour de son procédé, ou bien du genre de modifications qu’elle proposerait, tout cela est inexact ou hasardé. L’Angleterre a gardé le silence jusqu’ici. Du reste, si le cabinet de Londres, au lieu de rendre purement et simplement la liberté au cabinet français, propose une transaction, on peut croire que notre ministère ne se pressera pas de conclure. Ne faut-il pas qu’avant de prendre son parti, il tâte la majorité ? Ne faut-il pas que M. Duchâtel ait compté toutes les voix, et que l’on consulte M. Lefebvre et M. Fulchiron ?

Pour ce qui regarde la dotation, il est certain qu’on s’en occupe ; il est certain aussi que l’on n’a point de parti pris. M. Muret de Bord et ses amis ne se sont pas encore prononcés. On pourrait se demander pourtant d’où vient le silence des journaux ministériels sur cette grave question, soulevée il y a quatre mois par le ministère avec tant d’apparat, de présomption, d’imprudence et de perfidie. Puisque le Moniteur ne parle pas, puisqu’il ne profite pas des argumens du voyage de Windsor, pourquoi la presse ministérielle, délivrée des périls et des ennuis de la concurrence, ne cherche-t-elle pas convertir ces esprits rebelles de la majorité, ces conservateurs scrupuleux et timides, qu’elle a promis d’instruire et de ramener dans la bonne voie ? Ce serait assurément plus vif et plus piquant que, ses articles, fort instructifs d’ailleurs, sur les lins, sur les cotons, sur les laines, sur l’industrie des fers, sur la Chine, sur les travaux publics de l’union américaine, et sur l’émancipation des noirs, auxquels personne ne songe en ce moment, pas même M. le duc de Broglie. En vérité, nous ne comprenons rien à ce silence de la presse ministérielle sur la dotation. Vous verrez que le ministère, pour