Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 8.djvu/498

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sous les atteintes du scorbut. L’usage d’une espèce d’oignon[1] qu’on recueille dans la prairie le tira d’affaire. Si l’hiver avait été rude, le printemps fut précoce. Dès le 7 avril, le Missouri s’était débarrassé de ses glaces. Le 18 avril, le prince put continuer son voyage en descendant le fleuve. Cette année-là, les bisons avaient manqué dans les prairies du Missouri inférieur, et les tribus indiennes. La dégoûtante avidité avec laquelle ces malheureux se gorgent de la chair à demi pourrie des bisons noyés, qu’au printemps le Missouri ramène sur ses glaces bisées, engendre des maladies contagieuses, qui jointes aux épidémies de petite-vérole, les enlèvent par milliers.

De retour à Cincinnati, le prince de Wied-Neuwied se rendit au lac Erié par le canal de l’Ohio. Il visita les chutes du Niagara, et gagna New-York par le canal Erié et le fleuve Hudson. Le 8 août 1834, il était de retour en Europe, après une absence de trois années, ayant parcouru dix mille milles anglais, ou quatre mille lieues de poste sur le continent américain.

Le prince de Wied-Neuwied consacre plusieurs chapitres de son ouvrage à décrire les mœurs, coutumes et religion des diverses tribus indiennes du Missouri. Ces mœurs sont héroïques quelquefois, mais toujours barbares. Les coutumes de ces tribus sont très variées, surtout les coutumes qui naissent des préjugés. Leur religion n’est qu’un assemblage de superstitions grossières. Ils croient à l’existence d’une foule d’être surnaturels qui habitent les corps célestes ; ils les adorent, les implorent, leur offrent des sacrifices, et s’imposent de longs jeûnes et de cruelle pénitences pour se rendre ces esprits favorables Ohmahand-noumakchi, le seigneur de la vie, Numanck-machana, le premier homme, Chmahank-ciké, le vilain de la terre, Ché héque, le loup menteur des prairies, espèce de juif errant qui parcourt continuellement la terre sous le visage de l’homme ; Rokanka-Tauïhanka, l’habitant de l’étoile du jour (Vénus), sont les plus puissantes de ces divinités mystérieuses qu’adorent les tribus de l’ouest, et particulièrement les Mandans et les Meunitarris. Ils font aussi des offrandes au soleil, qu’ils regardent comme la demeure du seigneur de la vie, et à la lune, la demeure de la vieille qui ne meurt jamais, dont la puissance est également fort grande. Quelques-unes de ces superstitions

  1. Allium reticulatum.