Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 8.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coin de terre végétale, tandis qu’ailleurs elle néglige un sol excellent ? Là, le cultivateur est propriétaire ; ici, il ne l’est pas. Cette seule différence suffit pour tout expliquer. Sur 12 millions 1/2 de stremmes cultivables, il n’y en a en Morée que 5 millions qui soient cultivés ; sur 8 millions 1/2, il n’y en a dans la Grèce continentale que 3 millions à peu près. Dans les îles, au contraire, où la propriété est depuis long-temps régulièrement établie, sur 75 millions de stremmes cultivables, 700,000 à peu près sont en parfaite culture. L’Attique et l’Eubée se trouvent aussi à cet égard dans une situation particulière ; comme elles ont été cédées par captulation, les Turcs ont eu le droit d’y vendre leurs terres, et il s’y est formé un corps nouveau de propriétaires. Aussi l’Attique et l’Eubée sont-elles relativement plus en progrès que des pays où le soi est meilleur.

On ne peut dire que le gouvernement ignore tout ce que cette situation a d’imparfait et de fâcheux : plusieurs plans ont été conçus pour y remédier, plusieurs décrets même ont été rendus ; mais tout cela est resté sans effet, et presque sans commencement d’exécution. Il y avait du moins à faire une opération fort simple et fort utile, celle de greffer les oliviers sauvages qui appartiennent à l’état. Les oliviers, qui sont au nombre de plusieurs millions, coûteraient 5 dragmes (4 fr. 50 c.) par pied à greffer, et au bout de quatre ans donneraient un revenu bisannuel de 4 à 6 dragmes. C’est une mine véritable dont le produit serait presque suffisant pour libérer la Grèce de ses dettes. Eh bien ! Pendant l’autocratie bavaroise, plusieurs projets de loi ont été présentés sur cette importante matière, et pas un n’a pu sortir des cartons de la camarilla.

Si le ministère nouveau, veut acquérir des droits réels à la reconnaissance du pays, il faut, d’une part, que par des mesures un peu hardies il améliore, il assainisse, il mette en valeur les propriétés nationales ; de l’autre, que par voie de vente, de bail à très long terme ou même de partage, il fasse entrer dans le domaine de la propriété privée les terres dont il a hérité. Il faut surtout, s’il se fait payer une redevance, que cette redevance ne soit plus variable et en nature, mais fixe et en argent.

Voilà pour la propriété. Je viens maintenant à l’impôt. Le principal est la dîme Quand on est fermier de l’état, on paie 45 pour 100 du produit brut à titre de redevance, plus 10 pour 100 pour la dîme. Quand on est propriétaire, on paie 10 pour 100 seulement. Il est inutile, je pense, d’énumérer ici tous les inconvéniens, tous les maux inhérens à cette sorte d’impôt. Même en Angleterre, où il avait pour lui la tradition