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les Cantacuzene, les Maurocordato ; mais, en revanche, une part du pouvoir leur était due, et, quelque grande qu’elle fût, cette part leur paraissait difficilement suffisante.

Maintenant faut-il s’étonner que dans un pays encore à demi barbare, au milieu d’une lutte sanglante, personne n’ait été assez habile, assez puissant, pour faire sortir un ordre quelconque d’élémens aussi variés, aussi hétérogènes ? Faut-il s’étonner que tant d’ambitions, tant de prétentions, tant d’inclinations diverses n’aient produit, dans leurs conflits journaliers, que confusion et anarchie ? Faut-il s’étonner enfin qu’au moyen d’alliances qui se nouaient, qui se dénouaient, qui se renouaient sans cesse, vaincus et vainqueurs aient dix fois changé de rôle ? Je n’ai certes pas la prétention de porter la lumière dans ce chaos et d’expliquer ce qui est inexplicable ; mais il me paraît curieux de présenter, sans commentaire et sans explication, un simple sommaire des diverses phases par lesquelles passa le gouvernement grec de 1821 à 1835.

1822 – Un congrès général de toutes les provinces insurgées s’assemble à Epidaure, et crée un conseil exécutif auquel tous les pouvoirs sont remis. Le prince Alexandre Maurocordato, président du congrès, est nommé chef du conseil exécutif ; Jean Coletti, un des ministres.

1823. — Les hétairistes (Démétrius Ipsilanti) et les primats du Péloponèse et du Magne (Colocotroni et Mauromichali) s’unissent contre le pouvoir exécutif. Un nouveau congrès se réunit à Astros. Mauromichali devient président, et Colocotroni vice-président du conseil exécutif. Ce conseil s’établit à Nauplie, tandis que le sénat législatif tient ses séances à Argos. La division éclate entre, ces deux pouvoirs, et le sénat, déclarant un des membres du conseil, André Metaxas, déchu de sa dignité, nomme à sa place Jean Coletti. Colocottroni et Mauromichali refusent de reconnaître Coletti et attaquent le sénat, qui, se réfugiant à Cranidi, prononce la destitution en masse du conseil.

1824 - Le sénat, toujours à Cranidi, constitue sous la présidence de Conduriotti (Hydriote) un conseil nouveau où figurent Coletti et Nicolas Loudos. Après une guerre civil acharnée, ce conseil se rend maître d’Argos d’abord, puis de Nauplie, et le parti péloponésien paraît vaincu Les élections confirment ce résultat ; mais à la fin de l’année les primats s’insurgent de nouveau et sont de nouveau forcés de se soumettre. Un fils de Colocotroni est tué. Il est lui-même fait prisonnier.

1825. — Les succès d’Ibrahim en Morée amènent une réconciliation