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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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30 septembre 1844.


Lorsque M. Guizot se présentera devant les chambres, il leur dira : J’ai terminé les affaires de Taïti et du Maroc, j’ai maintenu la politique de la paix, j’ai évité la guerre à mon pays, l’entente cordiale est rétablie, entre la France et l’Angleterre, le roi est allé à Windsor. Voilà mes actes, jugez-moi. — Ce langage pourra faire une certaine impression sur les esprits ; mais la majorité ne se laissera pas éblouir. Elle voudra connaître le fond des choses. On lui parlera des périls qu’une politique habile a conjurés : elle voudra savoir si ces périls ont existé réellement, si le ministère a pu croire sérieusement à la possibilité d’une guerre avec l’Angleterre, si M. Pritchard a failli troubler la paix du monde. Elle cherchera à découvrir si les dangers de la situation n’ont pas été exagérés à dessein, et si le ministère n’a pas répandu de fausses alarmes dans l’opinion, afin de lui faire accepter plus facilement une imprudence ou une faiblesse. Admettons cependant que la guerre ait été imminente, il faudra justifier devant les devant les chambre les moyens que l’on a pris pour conserver la paix ; il faudra expliquer aussi comment la France et l’Angleterre, sous les auspices de l’entente cordiale, ont été au moment d’en venir aux mains. Pourquoi ce coup de foudre dans un ciel serein ? Qui a fait naître la crise ? Qui doit en supporter la responsabilité ? M. Guizot aura fort à faire, s’il entreprend de se disculper sur tous ces points devant les chambres.

En attendant les débats de la tribune, nous lisons les journaux du ministère, et nous sommes forcés d’avouer que leurs argumens ne nous persuadent pas. La presse ministérielle a pris d’ailleurs depuis quelque temps une manière de discuter qui rend les conversions difficiles. Si vous n’êtes