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REVUE MUSICALE.




Marie Stuart




Un critique étranger, Carlyle ou M. Gutzkow, je ne me rappelle plus lequel, reprochait dernièrement à la Marie Stuart de Schiller de n’être que la représentation dramatique d’un procès Qu’importe si ce procès a la grandeur du drame ? je devrais dire de la tragédie, car pour la concentration du sujet et l’unité de temps Marie Stuart est une pièce française, et vous ne trouveriez point dans le théâtre anglais ou allemand d’œuvre qui se rapproche davantage de la pureté racinienne. Du reste, avant nous, Mme de Staël l’avait écrit : De toutes les pièces allemandes Marie Stuart est sans doute la mieux combinée et la plus remplie d’émotions ; et nous ajouterions volontiers que c’est aussi la tragédie de Schiller en tout point la plus accomplie, car, selon nous, les deux seuls ouvrages du même maître qui pourraient supporter la comparaison, Wallenstein et Tell rentrent plutôt dans le domaine de l’épopée.

Une jeune femme adorablement belle, portant sur son front souriant la couronne d’Écosse, est accusée de comploter contre le trône d’Angleterre, de menacer, du sein de sa mollesse et de sa voluptueuse indolence, l’imposant édifice que la politique Elisabeth vient d’élever sur les ruines de tant de désastres récens. Vis-à-vis d’elle, et comme contraste unique dans le drame moderne, se dresse cette Élisabeth au regard d’aigle, au cœur de roi, assez femme encore cependant pour sentir à fond l’aiguillon fatal de la