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« Oggi 31 agosto 1814, questo suo lavoro mi donò Giacomo mio primogenito figlio, che non ha avuto maestro di lingua greca, ed è in età di anni 16, mesi due, giorni due.

« MONALDO LEOPARDI. »


Un juge compétent à qui ce travail manuscrit a été communiqué, Creuzer, dans le 3E volume de son Plotin, en a tiré le sujet de plusieurs pages de ses addenda. Lui qui a travaillé toute sa vie sur Plotin, il trouve quelque chose d’utile dans l’ouvrage d’un jeune homme de seize ans.

Les travaux philologiques et les excursions érudits de Leopardi, vers cette époque de son adolescence et de sa première jeunesse, feraient une longue et trop sèche énumération, si on la voulait complète ; singulier prélude, ouverture bien austère, à la destinée toute poétique qui suivra. Nous trouvons, en 1814, des commentaires de lui sur la vie et les écrits de quelques rhéteurs du second siècle, tels que Dion Chrysostôme, OElius Aristide, Hermogène et Fronton. M. Mai n’avait pas encore publié les lettres exhumées de Fronton à Marc-Aurèle. Elles parurent à Milan en 1815 ; l’année suivante, Leopardi les traduisait. Le docte éditeur lut plus tard le travail manuscrit de Leopardi et en tint compte dans l’édition de Rome. Le même savant prélat tint compte aussi pour son Denys d’Halicarnasse d’une lettre critique à ce sujet, que Leopardi adressa en 1817 à son ami Giordani. Un Essai sur les erreurs populaires des Anciens (Saggio sopra gli errori popolari degli Antichi), composé par Leopardi dans l’espace de deux mois, au commencement de 1815, nous présente déjà les résultats d’un esprit bien ferme, mais contenu encore dans les limites d’une foi sincère. Le jeune érudit, sans se perdre dans de vagues considérations et tout en se laissant guider d’une pensée jusqu’à un certain point philosophique, expose et démêle, moyennant des textes précis qui témoignent d’une immense lecture, les divers préjugés des anciens sur les dieux, les oracles, la magie, les songes, etc., etc. Un seul chapitre, celui des Pygmées, a été imprimé par M. Berger de Xivrey[1]. Le jeune auteur, en concluant, adressait à la religion une espèce d’hymne, une vraie prière d’action de graces, et ceci fait trop de contraste à ce que nous verrons plus tard pour ne pas être ici relevé :

  1. Dans l’ouvrage intitulé : Traditions tératologiques (page 102). — Dans la seconde édition de sa Batrachomyomachie (1837), M. Berger de Xivrey a aussi inséré et traduit une dissertation de Leopardi sur ce poème, laquelle avait paru dans lo Spettatore de Milan en 1816.