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les eaux-de-vie ; deux propriétaires paient à eux seuls moitié de la somme, trente ou quarante paient chacun au-là de 300 francs : le chiffre de la recette est évidemment amoindri, mais comment le prouver ? Les reçus restent entre les mains des employés, qui ne portent qu’un dixième à peine au trésor provincial. Je ne suis pas parvenu à me rendre compte du système de comptabilité ; ce que je puis affirmer seulement, c’est qu’il n’y a aucune régularité dans la perception de l’impôt ; tel propriétaire, se refusant à acquitter les taxes, résiste par la force aux demandes des employés ou achète leur silence. Les états de recette et de dépenses qui devraient être présentés à des époques régulières sont remis après des années, lorsqu’il n’est plus possible de s’assurer de leur exactitude. Les droits perçus sur les maisons, un dixième de la valeur locative, les droits et patentes sur l’eau-de-vie, la taxe des esclaves, enfin tous les impôts directs, d’après l’aveu même du ministre des finances, couvrent à peine les frais de perception.

L’exploitation des richesses matérielles de la province de Minas laisse aussi beaucoup à désirer. Le minerai de fer y est très abondant, malheureusement le défaut de communications y rend le combustible plus cher qu’en Europe. Le minerai de fer produit parfois 90 pour 100, et cependant une seule fonderie, dirigée par un Français, a été établie dans la province. Tous les établissemens que le gouvernement a voulu créer n’ont pu se soutenir ; le fer employé vient d’Europe, tandis qu’on pourrait se servir avec avantage du fer du Brésil, qui, par sa dureté et sa malléabilité, rivalise avec le fer de Suède.

L’or, qui jadis se rencontrait à la surface du sol, se cache maintenant dans les profondeurs de la terre. Les travaux d’une mine exigent de si grandes dépenses dans un pays où la main-d’œuvre intelligente n’existe pas, qu’il faudrait une veine bien abondante pour couvrir les frais d’exploitation. Les savans minéralogistes qui ont publié le résultat de leurs observations dans la province de Minas ont tous été unanimes pour reconnaître que l’or devait exister en grande quantité dans le sein de la terre : des compagnies anglaises se sont formées pour l’exploitation de ces richesses ; mais la fortune s’est jouée de leurs efforts, et ces compagnies, qui augmentent chaque année leur capital social, toujours dans l’espoir d’un succès, n’ont encore obtenu aucun résultat avantageux. Si l’extraction des diamans a procuré à quelques spéculateurs une certaine aisance, tous ceux qui se sont livrés au travail des mines d’or ont mangé leurs capitaux et ont été obligés d’abandon leurs recherches au bout de quelques années. Après avoir dépensé la plus grande partie de son immense fortune dans les différentes