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le charme qui s’attache à une hospitalité cordiale. La société de cette ville se distingue par beaucoup de bonhomie et d’aménité ; fonctionnaires, employés, tous viennent vous offrir leurs services, et cherchent à rendre votre séjour agréable. Il est fâcheux que l’instruction de ces fonctionnaires ne réponde pas à leur bonne volonté. Les autorités même ne connaissent qu’imparfaitement le pays. Il existe à Ouropreto une carte manuscrite de la province de Minas ; je demandai un extrait de cette carte, qui m’était nécessaire pour mon voyage : l’embarras fut grand ; aucun des points que je voulais visiter n’était marqué, il fallut avec les cartes d’Arrowsmith, de Spix et de Brué, suppléer aux lacunes. J’exprimai en riant au président mon opinion sur la négligence que l’on mettait à se procurer des renseignemens si utiles à une bonne administration. « Dans un pays où tout marche à l’aventure, me répondit ce fonctionnaire, il est impossible d’obtenir des indications exactes ; le gouvernement brésilien n’a pas les moyens d’organiser le service administratif comme il le faudrait, car il dit consacrer ses ressources à prévenir les révoltes ou à les réprimer. » Il en est, des renseignemens statistiques comme de tous les autres : le nombre des électeurs de chaque collége, celui des députés généraux et provinciaux, voilà tout ce que vous parvenez à savoir ; quant au mouvement de la population, à l’état de l’agriculture, personne ne peut vous répondre.

Un grand désordre règne dans l’administration de la province de Minas. Le président, Jacintho de la Vieja, s’occupait avec zèle, à l’époque de mon passage à Ouropréto, de réparer les maux causés par les derniers troubles. La trésorerie n’a jamais d’argent ; ceux qui veulent se faire payer transigent avec un des employés du trésor, et abandonnent 2 pour 100 de la somme à toucher. La province de Minas est cependant la partie la plus riche et la plus peuplée du Brésil ; elle conservé un matériel d’employés considérable, mais elle a perdu beaucoup de sa prospérité : elle a vu disparaître successivement ses ressources en or et en diamans. Aujourd’hui se dépenses excèdent chaque année ses revenus. Le budget de 1841 à 1842 présentait un déficit de 100,000 fr. sur un total de 1,200,000 francs ; les dépenses en 1842 ont dû s’élever à plus du double des revenu, à cause des frais qu’il a fallu s’imposer pour payer, armer les milices, approvisionner les villes, et s’assurer des moyens de transport.

On peut juger par un seul exemple de l’état de la comptabilité dans cette province, qui tient le premier rang parmi celles de l’empire. Le district du Serro porte en compte de recette 3,600 francs perçus sur